Rober Yinger 34 donne huit caractéristiques de l’improvisation :
Nous sommes bien là dans la situation d’un enseignant interactif.
Pour nous, ces modèles sont organisés en plans mentaux
Yinger exprime simplement que la pensée est liée à l’action en tenant compte du contexte. On retrouve encore une caractéristique des « plans mentaux »
Autrement dit, on reconnaît dans la situation actuelle quelque chose d’une situation passée que l’on peut réactiver, on applique alors le plan avec toutes ses capacités d’adaptation à la situation actuelle.
Le point important nous semble ici l’idée de réponse continue. L’improvisation conduite par l’enseignant ne souffre pas de temps morts. Il doit s’adapter à des buts qui peuvent survenir inopinément, et semble parfois incongru, comme peuvent le sembler des réactions d’élèves. Si les plans ne se fondent pas, ils doivent pouvoir s’appliquer simultanément, c’est-à-dire que l’enseignant doit, pouvoir courir plusieurs lièvres à la fois.
Ces configurations finalisées de connaissances peuvent être représentées par des plans mentaux associés à des connaissances, c’est-à-dire des séries d’actions organisées conduisant à l’acquisition de connaissances.
On n’explique pas une improvisation, même si elle n’est pas laissée au hasard ; nous pensons que l’abduction rentre pour une large part dans ce processus.
Le motif qui conduit l’improvisation de l’enseignant est bien de garder le contact avec les élèves et avec ce qu’il veut enseigner.
L’enseignant interactif se caractérise par sa capacité à adapter des stratégies au contexte de la classe, ce qui peut sembler constituer une forme d’improvisation, avec prise de décisions rapides, fondées sur des démarches abductives plutôt que déductives. La modélisation sous la forme de plans mentaux nous permet d’interpréter les interventions de l’enseignant chevronné. Son expertise ne se résume pas dans la constitution des plans mentaux, ce qui donnerait une interprétation statique qui ne pourrait représenter une réalité particulièrement dynamique, mais bien dans l’interaction des multiples plans et de leur adaptation à des contextes variés. Il faudrait alors chercher l’expertise non pas dans les plans mentaux déjà formés, dans l’automatisation qu’ils fournissent, mais dans un plan de niveau supérieur qui gérerait les interactions entre les autres plans. Du point de vue symbolique, ce plan est représenté par ce que Miller appelle une image (objets symboliques pouvant être complexes, et qui peuvent regrouper les noms de plusieurs plans.)
Cette organisation mentale de l’enseignant se construit lentement : dix ans semble-t-il. L’essentiel du travail de recherche de l’enseignant novice concerne cette construction, et l’on comprend que la « théorie » qu’on lui livre, dans la mesure où elle l’entraîne très loin de cette structuration, semble assez peu le concerner.
En particulier dans YINGER, R.J. 1987. Learning the Language of Practice. Curriculum Inquiry 17:3, 294-318., cité par TOCHON, op cité, p110