7.3. L’évolution des conceptions de l’enseignant est liée à son contexte d’enseignement

Ces conceptions semblent stables, surtout après quelques années d’expériences, en particulier, nous semble-t-il, parce qu’elles sont associées à des plans mentaux et à des routines d’actions largement automatisées. Pourtant, elles peuvent évoluer, en particulier sous l’influence des conditions matérielles, qui sont, comme l’indique François Tochon 41 , un des principaux critères pris en compte par les enseignants quand ils préparent leurs cours.

Les conceptions de l’enseignant sont primordiales parce qu’elles déterminent ce qui se passe en classe, en particulier dans le cadre de l’enseignement interactif. Pour ceux qui voudraient faire évoluer l’enseignement de l’extérieur, elles sont un obstacle, et si on considère la subjectivité des conceptions, leur manque de scientificité, on pourrait considérer que l’enseignant, à travers ses conceptions, est un obstacle à la modernisation et à l’efficacité, et qu’il faut passer « au-dessus de lui » pour favoriser l’apprentissage. On pourrait penser que, tout comme les conceptions d’un enfant peuvent être erronées, naïves, les conceptions de l’enseignant sont figées et rétrogrades. Mais les conceptions d’un enfant et celles d’un enseignant n’ont pas la même fonction.

Pour l’élève, elles constituent un moment, un état du processus d’une pensée en quête du sens et l’on peut affirmer que ces conceptions sont incomplètes, ou même fausses parce qu’on a, en référence, des concepts aboutis et généraux. Les conceptions d’un enseignant portent sur le sens de son action, mais son action est particulière, bien située dans l’espace et le temps, avec des élèves qui ont une existence bien réelle. Il n’y a pas de concepts généraux, intégrant valeurs, expérience, connaissance, savoir-faire qui soient définis hors de lui, et qui auraient une valeur de vérité universelle. Les conceptions de l’enseignant sont profondément incarnées ce qui est le garant de leur efficacité. Il semble normal que ce soit le contexte qui puisse, avant tout, les faire évoluer, et non pas des considérations théoriques. C’est donc en modifiant le contexte que les conceptions, et donc l’action de l’enseignant, ont une chance d’évoluer.

Notes
41.

F.V. TOCHON, 1993,op cités, pp 86 et suivantes.