8.4. L’intention pédagogique doit correspondre au niveau de responsabilité de celui qui doit la mettre en œuvre

John Dewey 44 nous donne son Credo Pédagogique. Voici une partie de l’article 1

Article 1- Ce qu'est l'éducation

‘Je crois que toute éducation procède de la participation de l'individu à la conscience sociale de la race. Ce processus commence inconsciemment pour ainsi dire avec la naissance, et façonne d'une manière continue les capacités de l'individu, imprègne sa conscience, forme ses habitudes, modèle ses idées et éveille ses sentiments et ses émotions. Par le moyen de cette éducation inconsciente, l'individu en vient progressivement à partager les ressources intellectuelles et morales que l'humanité a réussies à rassembler. Il devient l'héritier de ce capital qu'est la civilisation. L'éducation la plus formelle et la plus technique du monde ne peut sans danger s'éloigner de ce processus général. Elle ne peut que l’organiser ou l'orienter autrement dans une direction particulière.’

Dewey énonce ici un principe général qui supporte son idée de l’éducation. Il s’agit bien d’un « credo ». Ce principe constitue un élément d’un modèle du développement social de l’individu.

Plus loin, il va préciser les conséquences que ce principe impose, selon lui, à l’organisation scolaire.

‘Je crois que l'école, en tant qu'institution, devrait simplifier la vie sociale existante devrait la réduire pour ainsi dire à sa forme embryonnaire. La vie existante est si complexe que l'enfant ne peut être mis en contact avec elle sans confusion ni perturbation; il est soit accablé par la multiplicité des activités qui s'y donnent libre cours si bien qu'il perd sa propre capacité de réagir comme il faut, soit stimulé par ces diverses activités à tel point que ses capacités sont appelées prématurément à se mettre en jeu, et ou bien il se spécialise indûment ou bien il se désintègre. ’ ‘Je crois que, en tant que vie sociale simplifiée, la vie de l'école devrait se développer progressivement à partir de la vie familiale; elle devrait reprendre et continuer les activités auxquelles la vie familiale a déjà habitué l'enfant. ’

Dewey énonce encore un principe général d’organisation de la vie de l’école. Il s’adresse là à ceux qui peuvent décider d’une structure scolaire et de sa place par rapport à la cellule familiale. Ce pourrait être un principe pédagogique destiné à des responsables du système d’éducation, mais pas à un enseignant, parce qu’il ne se situe pas au niveau qui permet de le mettre en application.

Dewey poursuit :

‘Je crois qu'elle devrait exposer ces activités à l'enfant, et les reproduire de telle manière que l'enfant apprenne progressivement leur signification, et soit capable de jouer son propre rôle par rapport à elles. ’ ‘Je crois que cela est une nécessité psychologique, parce que c'est la seule façon d'assurer la continuité du développement de l'enfant, la seule façon d'asseoir sur un fond d'expérience passée les idées nouvelles reçues à l'école.’

Nous avons là, à notre sens, l’énoncé d’une intention pédagogique. Dewey nous indique ce que l’enfant doit acquérir (apprendre progressivement la signification d’activités qui prolongent celles qui sont vécues dans le milieu familial et de se déterminer par rapport à ces activités). L’enseignant sait ce qu’il doit développer chez l’enfant. De plus Dewey justifie cette idée d’un point de vue théorique, donc on peut débattre de cette intention. Il ne s’agit encore que d’une intention car l’enseignant doit trouver les moyens de développer une compétence particulière chez les enfants : donner un sens à certaines activités et se situer par rapport à elles. Dewey définit un cadre dans lequel il lui semble possible que les élèves puissent acquérir cette compétence, mais ce cadre, à lui seul, n’en assure pas l’acquisition. Le problème de la réalisation de cette intention n’est pas résolu, mais cela doit se faire au niveau de la classe, de l’enseignant et de l’élève.

Notes
44.

DEWEY John, (1897), My Pedagogic creed, E. L. Kellog & Co, , New York, p 36