1.2.4. Un outil psychologique met en œuvre des fonctions cognitives

Vygotski justifie ainsi un apprentissage actif : la mise en œuvre de fonctions cognitives utilisées dans des situations vivantes, par ailleurs assez proches des situations dans lesquelles ces concepts devront êtres réutilisés. En procédant de cette façon, le concept est associé à une démarche mentale trouvant sa source dans une situation éventuellement complexe. Si l’on procédait uniquement à partir de définitions, le concept serait associé à d’autres définitions, à d’autres mots et ce serait ce réseau verbal qui serait porteur du sens. Les fonctions cognitives n’auraient pas été sollicitées, ce qui laisse à penser que la nature du concept serait différente : structure dynamique, en quelque sorte « prête à l’emploi » dans le premier cas, statique dans le second cas, et détachée des situations d’application. Mais il ne suffit pas d’être plongé dans une situation complexe pour « découvrir » un concept. C’est l’association entre le mot nouveau et la ou les tâches à accomplir qui va entraîner une réflexion et la constitution du concept. Le mot va jouer le rôle d’un outil qui va aider à constituer le sens, le concept est alors le produit de cette utilisation de l’outil.

Ce qui précède n’épuise pas tout ce qu’il y a à dire sur la formation des concepts, et nous reviendrons sur ce sujet dans les chapitres suivants, mais Vygotski ouvre une perspective pédagogique intéressants : certains outils, qu’il qualifie « d’outils psychologiques », peuvent avoir comme fonction la constitution de concepts, d’idées, de connaissances, vus surtout comme le produit de l’activité de l’apprenant. Deux éléments sont nouveaux et pédagogiquement importants : l’acquisition des concepts peut se faire à partir de l’utilisation d’outils et cette acquisition n’est plus fondée principalement sur le discours de l’enseignant mais sur l’activité des apprenants.