1.3.1. L’accommodation et l’assimilation selon Piaget

Piaget fait une distinction fondamentale entre assimilation et accommodation :

L’assimilation, qui consiste à faire coïncider les stimuli environnementaux avec des schèmes mentaux préexistants, ne se résume pas à assimiler une réalité objective, mais nécessite également des efforts de la part de l'enfant qui intervient, pour modifier les évènements de manière à ce que ceux-ci correspondent aux schèmes qu'il a déjà intériorisés. L’assimilation se manifeste, entre autres, par une modification de l’environnement, mais aussi par l’attribution d’un sens à des objets ou des événements.

Il en est tout autrement de l’accommodation. Il est fréquent que la structure perçue des événements ne corresponde pas adéquatement aux schèmes disponibles, même après remodelage de cette structure. Il en découle que la rencontre avec l'environnement ne se fait pas. C'est alors que les schèmes, sous l'influence des réalités perçues, sont transformés ou multipliés. Une conséquence de l’accommodation est donc une évolution des schèmes, donc une transformation de la structure cognitive.

Rabardel résume les deux processus :

‘L'évolution des schèmes, et du sujet, procède donc de deux processus complémentaires : l'un d'incorporation des choses au sujet, le processus d'assimilation; l’autre d’accommodation aux choses elles-mêmes. ⁶³ ’

Selon Piaget, dès que l'assimilation et l'accommodation ont été réalisées, un mécanisme interne opère une réorganisation de l'être biologique afin de mettre au point une structure de schèmes qui garantisse à celui-ci une personnalité équilibrée.

Dans La construction du réel chez l’enfant ⁶⁴ , J. Piaget exprime de façon très synthétique ce double mouvement.

L’intelligence (et donc l’action de se connaître) ne débute ainsi ni par la connaissance du moi, ni par celle des choses comme telles, mais par celle de leur interaction; c'est en s'orientant simultanément vers les deux pôles de cette interaction qu’elle organise le monde en s’organisant elle-même.