1.4.4. Le mot est un outil qui participe à l’élaboration de la pensée. Mais l’outil n’est pas la pensée

La pensée est un tout, le langage est morcelé donc incapable de l’exprimer exactement. Il ne permet pas plus de la constituer sans qu’elle lui échappe, même si son rôle est indispensable.

‘« Les unités de base de la pensée et celles du langage ne coïncident pas 78 » ’

Nous sommes réduits à former une pensée en l’abordant selon des points de vue complémentaires, par touches toujours plus ou moins partielles. Inversement, chaque expression d’une pensée passe par sa reconstruction partielle et fragmentaire. La pensée se situe hors du temps et de l’espace alors que les moyens de l’approcher participent soit du temps, soit de l’espace. Le langage intérieur, situé hors du temps et de l’espace, est à la frontière des mots et de la pensée : 

‘« Mais si dans le langage extériorisé, la pensée s’incarne dans la parole, la parole disparaît dans le langage intérieur, donnant naissance à la pensée » 79 . ’

Il serait donc très réducteur de confondre langage et pensée. Si le langage est un outil, il reste distinct de la pensée qu’il contribue à créer. L’outil n’est pas l’objet qu’il aide à constituer. D’un point de vue pédagogique, il nous semble que cette distinction entre l’outil psychologique et l’apprentissage doit toujours être présente sous peine de tomber dans une mécanisation du processus d’apprentissage.

Notes
78.

VYGOTSKI Lev, op cité, p 490

79.

VYGOTSKI Lev, op cité, p 489