1.4.5. Le langage intérieur, qui accompagne l’action, contribue à la constitution de la pensée

Le langage intérieur, en grande partie libéré du temps et de l’espace, peut s’exprimer dans des circonstances très diverses, et en particulier il peut accompagner l’action. Il n’y a donc aucune raison pour séparer pensée et action et nous pouvons faire l’hypothèse que le langage intérieur participe en particulier à la constitution des schèmes, et de toute forme de pensée dans l’action.

Vygotski aborde cette question de la pensée et de l’action :

‘La relation de la pensée et du mot n'est pas une rela­tion originelle, donnée une fois pour toutes. Elle appa­raît au cours du développement et se développe elle­-même. "Au début était le Verbe." À cette parole de l'Évangile Goethe a répondu par la voix de Faust: "Au début était l'Action", voulant par là déprécier le mot. Mais, remarque Goutsman, même si avec Goethe on n'accorde pas une valeur excessive au mot en tant que tel, c'est-à-dire au mot sonore, et qu'on traduit comme lui le verset biblique par «Au début était l'action »,’ ‘On le considère du point de vue de l'histoire du développe­ment : au début était l'action. Goutsman veut dire par là que le mot représente à ses yeux un stade supérieur du développement de l'homme comparativement à l'expression la plus haute de l'action. Il a bien sûr rai­son. Le mot n'était pas au début. Au début il y avait l'action. Le mot constitue la fin plutôt que le début du développement. Le mot est la fin qui couronne l'œuvre.» 80

Dans l’apprentissage aussi, au départ est l’action, le mot couronnant l’œuvre.

Notes
80.

VYGOTSKI Lev, op cité, pp 491-496