2. Une structure minimum permettant l’existence des conditions de l’apprentissage : la notion d’activité 

2.1. La tentation d’individualiser, d’isoler et de réduire l’apprentissage à une relation duale enseignant - élève

L’enseignement a pris l’habitude de décomposer, d’isoler, de simplifier : isolement des parties pour aller vers le tout, isolement des apprenants pour individualiser, mouvement partant de l’élément simple pour parvenir au plus compliqué par combinaison souvent linéaire. Les objectifs sont eux-mêmes décomposés en sous objectifs toujours plus élémentaires jusqu’à paraître dérisoires. Cloisonnement aussi de la personnalité des apprenants : la section cognitive envisagée hors de la section affective et sociale, l’enseignement ne prenant en compte que la première. Chaque pas vers une individualisation et une simplification plus grande est considéré comme un pas en avant, une amélioration, un progrès. Cette propension à la simplification par décomposition en éléments s’explique par une exigence d’efficacité dans une gestion des enseignements fondés sur la parole et organisés autour de l’enseignant : pour être entendu et compris, pour faire participer au discours, pour l’illustrer, pour préparer à l’accueillir, il faut le simplifier et s’adresser, soit aux moins d’élèves possibles, soit à des groupes d’élèves les plus homogènes possibles jusqu’à ne plus faire qu’un. La limite serait un enseignement totalement individualisé entre un enseignant et une entité, que ce soit un élève ou un groupe d’élèves semblables.

Cette situation nous semble être la conséquence de la conception la plus répandue de l’apprentissage : une relation entre un enseignant et un apprenant, que cette relation se noue par l’intermédiaire d’un groupe ou non. Cette conception se traduit, dans sa plus simple expression par une relation duale apprenant enseignant :

Issue de la même conception, le triangle didactique : enseigner, c’est faire apprendre par la communication et la mise en situation. L’enseignant reste le médiateur essentiel entre le savoir et l’élève.

Les pédagogies de la médiation s’inscrivent aussi dans ce cadre. Toutes ces conceptions considèrent que l’unité minimum d’analyse, insécable, est constituée par la relation entre l’élève et l’enseignant, et qu’une évolution du processus d’apprentissage et d’enseignement passe par une déclinaison de cette relation.