2.2. L’activité : la définition de Leontiev

Leontiev donne un éclairage tout autre. Il fut d’abord un étudiant, puis un collègue de Vygotski. (1904-1979). Son travail s’est effectué principalement en relation avec l’Université Lomonosov de Moscou. Il fit des études de philosophie et de psychologie. C’est en 1924 qu’il commença à travailler en relation étroite avec Vygotski. En 1931, bien qu’il soit nommé à Kharkov, ils poursuivirent leur collaboration.

En 1950, il devint directeur du département de psychologie de l’Université Lomonosov, qui se transforma, sous sa direction, en Faculté en 1966. Il resta doyen de cet établissement jusqu’à sa mort en 1979.

Sa réflexion sur l’apparition de la conscience dans l’histoire humaine, sur sa nature, va le conduire à donner une définition de l’activité. Si tous les aspects de sa réflexion ne nous concernent pas, parce que de nature plus psychologique ou même philosophique, certains ont des conséquences particulièrement intéressantes pour la constitution d’une pédagogie de l’activité.

Leontiev peut être associé au courant de la « psychologie comparée », qui étudie le comportement animal et le comportement humain pour tenter de dégager ce qui est spécifique à ce dernier. C’est dans ce cadre qu’il fut amené à rejeter, comme objet d’étude, pour la psychologie, la notion même de comportement (behavior) parce qu’elle ne lui semblait en rien spécifique à l’homme. Il a préféré lui substituer, comme objet d’étude, « l’activité » telle qu’il la définit, c’est-à-dire une organisation systémique permettant le développement de la conscience. Si pour agir sur le comportement animal, un certain conditionnement peut suffire, ce n’est, en général, pas le cas pour l’homme, être doué de conscience. Pour agir sur le comportement et favoriser le développement, il serait nécessaire d’agir sur les diverses composantes de « l’activité », ce qui conduirait à des prises de conscience et à une construction du sens.

Pour Leontiev, alors que l’environnement semble jouer un rôle essentiel pour les animaux, qui réagissent et s’adaptent, l’homme n’est pas un sujet qui se contente de réagir, mais c’est un sujet actif qui noue des relations directes avec les objets constituant son environnement. Certains animaux, pourtant, tentent de transformer leur environnement, accomplissent des actions coordonnées pour atteindre un objectif : par exemple, un singe va prendre une caisse pour monter dessus et attraper une banane. On a deux actions – prendre et déplacer la caisse, puis monter dessus – qui ont leurs objectifs propres, mais qui sont organisées entre elles pour arriver à atteindre un objectif plus général et essentiel, qui consiste à se nourrir. Il ne s’agit plus alors simplement de s’adapter, mais d’établir une relation systémique avec l’environnement.