3.3. Les médiations dans le triangle d’Engeström

Au début de ce chapitre, nous avons insisté sur l’importance de la médiation, en particulier dans la perspective d’un apprentissage non centré autour d’un enseignant. Nous avons vu que les diverses formes d’outils sont des médiations entre le sujet sa production d’une part et ce qu’il apprend d’autre part.

Il existe aussi d’autres formes de médiation, des médiations assurées par « les autres », des pairs, des enseignants, ou tout autre intervenant.

Quels sont les types de médiations offertes par le triangle d’Engeström ?

Revenons à la représentation du triangle.

Dans une activité d’apprentissage, la finalité de l’activité est un apprentissage qui peut aller d’un concept à une compétence, en tout cas quelque chose d’assez important pour ne pas pouvoir être acquis seul. Ce concept ou cette compétence peut donc constituer l’objet de l’activité. Les apprenants se rapprocheront de l’objet en réalisant une production. Les médiations qui nous intéressent d’abord concernent celles se trouvant entre le sujet et l’objet.

Nous avons mis quatre médiations en évidence sur le schéma :

• La médiation par les instruments. Vygotski a depuis longtemps souligné l’importance de cette médiation. Nous n’y reviendrons pas.
• La médiation par les règles. Les règles, dans un premier temps, médiatisent les rapports entre le sujet et la communauté en établissant la façon de se comporter à l’intérieur de la communauté. Par communauté, nous entendons tous les acteurs constitués ou non en groupes et sous-groupes. Dans une classe, la communauté comprend le professeur, la classe entière vue comme une entité, tous les sous-groupes de cette classe, mais aussi tous ceux qui interviennent dans la réalisation de la production. Quelquefois, les parents, des amis, des contacts sur l’Internet jouent un rôle et font partie de cette communauté. Les règles vont établir les relations entre le sujet et toutes ces entités. Elles vont clarifier le fonctionnement déjà complexe de l’activité et rappeler sa finalité et le lien avec la production. Elles vont clarifier ainsi les relations entre le sujet et l’objet en précisant le rôle de tous les acteurs
• La médiation par la communauté. Nous avons décrit ce que nous entendions par « communauté ». Cette communauté est constituée par des entités multiples qui vont exercer, chacune, une médiation différente. La classe entière permet un certain type de médiation, comme les petits groupes constitués en aide individualisée. L’enseignant lui-même agit comme un médiateur. Ces médiations consistent à accompagner l’apprentissage en se plaçant dans la zone proximale de développement.
• La médiation par la division du travail. Nous avons déjà précisé la forme que prend la division du travail quand l’objet est un objet mental. L’activité est structurée par des actions dont les buts sont clairs pour les acteurs. Tous les acteurs ne réalisent pas toutes les actions, mais ils diffusent dans le réseau ce qu’ils ont acquis. Par exemple des élèves vont plus facilement acquérir certaines habiletés, qu’ils vont partager avec ceux qui ont des difficultés Il y aura division du travail, le travail consistant à acquérir une compétence faite de ces diverses habiletés. Cette division du travail peut donc consister à faire travailler ensemble des élèves de niveaux différents et de compétences complémentaires.

La structure de l’activité propose donc de multiples médiations, de natures très différentes, et donc élargit largement les possibilités offertes par l’enseignement interactif.