Chapitre 3. Un objet pour une pédagogie de l’activité : les compétences

Résumé du chapitre

Une pédagogie de l’activité ferait reposer l’apprentissage sur une structure organisant l’action, l’utilisation d’outils, l’interaction sociale, de multiples médiations, et situerait l’apprenant dans sa zone proximale de développement. Nous devons maintenant aborder le contenu de l’apprentissage, c’est-à-dire l’acquisition des compétences, des concepts, des connaissances dans ce cadre. C’est dans cette mesure que nous pourrons parler d’une « pédagogie de l’activité ».

La dynamique de l’activité repose sur sa structure qui contient à la fois un projet et les moyens de le réaliser. Un élément moteur du projet est la production. Cette production n’est pas une fin, et ne constitue pas à elle seule le mobile de l’activité. C’est l’objet qui est le mobile de l’activité. Nous avons dit que l’objet ouvre un espace et lance un appel à la découverte. En ouvrant un espace, l’objet crée en même temps un désir, celui de l’investir. Chaque production ne permet qu’une conquête partielle de l’objet. Cette tension entre production et objet est, pour nous, le moteur de l’activité.

Le désir de « s’y connaître », pour reprendre une expression de Michel Fabre 91 , peut constituer un objet. C’est en effet vouloir, en conscience, devenir compétent en constituant, progressivement, des stratégies gagnantes lors de la résolution de problèmes. Dans ce cadre d’action, rechercher systématiquement la compétence, c’est acquérir et organiser des connaissances et des concepts en fonction d’une fin. C’est aussi les relier, leur donner un sens. L’élaboration d’une compétence est propre à chacun, mais son exercice se fait au sein d’une collectivité, ce qui correspond bien à l’activité. La quête de compétence n’est jamais achevée, ce qui est une caractéristique de l’objet. Mais cette distance favorise la collaboration.

Comme nous sommes dans un contexte d’action et non pas d’enseignement, il nous faut décrire compétences, concepts et connaissances non pas sous forme sémantique (une connaissance, c’est ..), mais sous forme dynamique, en décrivant les conditions qui en permettent l’acquisition.

Le rôle structurant des compétences nous conduit à en faire l’objet de la pédagogie de l’activité. Cela impose de déterminer les conditions nécessaires à l’acquisition de compétences, et certaines concernent le transfert. La pédagogie de l’activité consistera à réaliser ces conditions.

Dans les chapitres suivants, nous situerons les concepts et les connaissances dans le mouvement issu du projet de « s’y connaître » dans un domaine donné.

Notes
91.

FABRE Michel, (2004) Savoir, problème et compétence : savoir c’est « s’y connaître », Communication à la journée d’études du Réseau Francophone « problématisation », 7 et 8 juin 2004