3. Détermination des compétences

On trouve des listes de compétences dans de nombreux programmes. Le ministère de l’Éduction du Québec a défini le programme 108 en partant des « compétences ». Au primaire, par exemple, la compétence 2 est « Résoudre des problèmes ». Les composantes de cette compétence sont, selon le ministère du Québec:

Compétence : résoudre un problème

Cerner les contextes, en percevoir les éléments déterminants et les liens qui les unissent. Reconnaître les ressemblances avec les situations semblables résolues antérieurement.

Effectuer un retour sur les étapes franchies. Dégager les éléments de réussite et analyser les difficultés rencontrées.

Générer et inventorier des pistes de solution. En examiner la pertinence. En apprécier les exigences et les conséquences. Se représenter la situation-problème résolue.

Choisir une piste de solution, la mettre en pratique et juger de son efficacité. Choisir et mettre à l’essai une autre piste au besoin ;

Reprendre les exercices précédents dans l’ordre ou le désordre autant de fois que nécessaire pour résoudre le problème.

Cet énoncé nous paraît représentatif des énoncés classiques des compétences tels qu’on les trouve dans les programmes, et nous allons indiquer en quoi nous désirons nous en démarquer.

L’intitulé « Résoudre un problème » pourrait signifier : « Comment s’y connaître en résolution de problème » et les composants de la compétence pourraient donner des pistes pour y parvenir. On aurait alors la formulation suivante :

Comment s’y connaître en résolution de problème ?

La question est de savoir si, en faisant ce qui est indiqué, on va vraiment s’y connaître en résolution de problèmes. Les composantes des compétences sont souvent données « à priori », de façon assez théorique. Par exemple une expression comme « en adoptant un fonctionnement souple » est plus un souhait qu’une indication pour finir par adopter un fonctionnement souple, la précision donnée par le Ministère n’étant pas particulièrement éclairante :

‘« Reprendre les exercices précédents dans l’ordre ou le désordre autant de fois que nécessaire pour résoudre le problème. »’

Si la description que nous voulons donner d’une compétence a pour but d’aider un apprenant à se faire une représentation d’une compétence, et qu’il soit plausible d’utiliser cette représentation pour résoudre un problème, il nous semble que la description doit tenir compte du contexte dans lequel elle va s’exercer, sinon, la description de la compétence ne pourra pas conduire à son exercice, et encore moins à son apprentissage. Il est, bien sûr, souhaitable de signaler que la résolution de problème est facilitée par une « analyse des éléments de la situation », mais cela n’indique pas vraiment comment faire cette analyse. Une description d’une compétence devrait indiquer comment faire les choses, comment faire une analyse d’une situation dans le cas qui nous occupe.

Si la description doit aider l’apprenant, il nous semble qu’il faille partir des difficultés qu’il peut rencontrer dans l’exercice de cette compétence. Il est possible que les élèves d’un niveau donné rencontre des difficultés particulières dans l’analyse d’une situation. Ce sont ces difficultés que les « gérondifs » devraient permettre de surmonter. On arriverait à des descriptions du genre :

Résoudre des problèmes en géométrie (« s’y connaître » en problème de géométrie) :

etc.

À partir d’une telle description, faite à partir de difficultés observées chez les élèves, on peut décrire la compétence contextualisée de « résoudre des problèmes en géométrie ». une compétence voisine pourra être exercée, comme résoudre des problèmes en algèbre. On pourra aussi développer une compétence analogue en français, consistant à faire une analyse littéraire. L’observation des stratégies communes à ces trois compétences permettra de décrire une compétence de « résolution de problèmes » plus large. Nous allons justifier maintenant ce point de vue après avoir examiné les difficultés du transfert.

Notes
108.

Ministère de l’Éducation du Québec, (2002) Echelle des niveaux de compétences, Publication du Ministère de l’Éducation du Québec.