5.5. Existence des compétences transversales

Pour Philippe Meirieu ,

‘L’existence d'outils cognitifs transférables (d'une tâche à une autre dans la même discipline, d'une discipline à une autre, d'une situation de formation à une autre situation différente de la situation de formation) ne peut pas faire l'objet d'une décision à priori.’ ‘Tout au plus, peut-on faire fonctionner ces « compétences transférables » comme « principes régulateurs » pour finaliser l'enseignement de diverses disciplines.Sur le plan épistémologique, l'existence de telles compétences est, aujourd'hui, indécidable 110 . ’

Nous pouvons nuancer ce propos : si l’on considère qu’une compétence, acquise dans un contexte, peut être utilisée directement dans un autre contexte, et si c’est le sens que l’on donne à « transférer », alors, l’existence des compétences transférables n’est, en effet, pas établie. Nous dirons que l’existence d’une compétence, vue comme un produit achevé et réutilisable, reste incertaine.

Par contre, la possibilité de développer dans deux contextes différents, des compétences analogues, de faire dégager par les élèves eux-mêmes les stratégies communes, et de les informer de la réutilisation possible de ces stratégies dans un des contextes familiers, pourrait conduire à la constitution d’un projet plausible de réutilisation de ces stratégies. La compétence est vue alors comme un processus à construire et à reconstruire partiellement chaque fois qu’il doit être utilisé. Nous nous placerons dans cette seconde hypothèse.

Le processus qui demande l’adaptation d’une stratégie déjà utilisée dans un nouveau contexte demande de savoir distinguer les traits de surfaces des traits de structure. Cette capacité de repérer les indicateurs de structure s'acquiert par la pratique systématique de la dialectique: contextualisation/ décontextualisation/recontextualisation111. Finalement, l’acquisition d’une compétence passe par la prise de conscience de stratégies gagnantes, ces stratégies étant utilisées dans des contextes voisins, jusqu’à ce qu’elles se constituent en un projet plausible.

Enfin, avec Bernard Rey rappelons que :

‘Si l'idée de transversalité est si importante en éducation aujourd'hui, c'est en tant que flexibilité, adaptabilité. C’est-à-dire tout le contraire d’un mécanisme 112 . ’
Notes
110.

Meirieu Philippe, 1994, in Les actes des entretiens Nathan, Existe-t-il des apprentissages méthodologiques ? pp 83 et suivantes.

111.

REY Bernard, 1996, Les compétences transversales en question ; Paris: ESF , p 107

112.

REY Bernard, ibid., p 84.