3.1.2. La comparaison ne se fait pas directement, mais plutôt par l’intermédiaire d’un terme générique

Plutôt qu’une comparaison directe, le poème semblait vu comme une métamorphose particulière et rattaché à ce terme. La transformation de Daphné, d’abord difficilement perçue, était reliée aussi au mot « métamorphose », et ensuite une certaine comparaison entre le poème et la sculpture s’engageait, et cette comparaison avait un sens parce que le mot métamorphose reliait les deux.

La conception du site 128 précédait la lecture de Vygotski. Mais, en lisant Pensée et Langage, nous avons trouvé des considérations théoriques qui allaient dans le sens de nos observations.

La comparaison directe et dirigée nous semblait laborieuse et conduire à peu de résultats.

‘[…] La formation des concepts s’effectue selon un procédé identique à celui qu’utilise Galton pour obtenir sur sa photographie collective un portrait de famille. Le principe de cette photographie est qu’on impressionne une même plaque avec les images des différents membres d’une même famille. Ces images se superposent de sorte que les traits semblables et répétitifs, qui sont communs à plusieurs membres de la famille, prennent un relief accusé tandis que les traits occasionnels, individuels, s’estompent et s’effacent mutuellement par l’effet de la superposition. Des traits semblables se dégagent donc et l’ensemble de ces caractéristiques communes ainsi dégagées d’une série d’objets et de traits semblables constitue, dans l’optique traditionnelle, un concept au sens propre. On ne peut rien imaginer de plus faux, quant au cours réel du développement des concepts, que le logicisme de ce tableau suggéré par le schéma ci-dessus. En effet, comme des psychologues l’ont déjà depuis longtemps noté et comme le montrent très nettement nos expériences, la formation des concepts chez l’adolescent ne suit jamais la voie logique que lui prête ce schéma traditionnel 129

Une comparaison directe, dont l’objet est de dégager des similitudes, en particulier en construisant des tableaux comparatifs à la place des élèves, ou même avec eux dans le cadre de l’enseignement interactif, a toujours conduit à peu de résultats, et c’est cette difficulté qui a conduit Claire Herviou à chercher une autre approche.

Notes
128.

Claire HERVIOU, professeure de français au Lycée Jean Favard, Guéret

129.

VYGOTSKI Lev, op cité, page 263