4.2. Les différents types de mémoire

On distingue généralement une mémoire «à court terme»et une mémoire à long terme ». La discussion sur la nature de ces deux types de mémoire n'est pas d'un grand intérêt pour nous. Comme le dit Richard :

‘« L'existence de deux formes de mémoire, mémoire à court terme et mémoire à terme, est l'objet d'un vieux débat en psychologie (Florès, 1970,. Richard, ; Soumireu-Mourat,. 1987). La position moniste, défendue par les tenants de l'associationnisme, soutient que ce sont les mêmes mécanismes qui sont en jeu dans les deux cas et que les différences observées sont explicables en termes de différences de degré d'apprentissage ou d'effets d'inhibition. Dans la position dualiste, dont Broadbent( 1958) a été l'un des principaux promoteurs et qui a été défendue par le courant cognitiviste, la notion centrale est celle de limitation de capacité de traitement. Cette limitation rend compte des phénomènes attentionnels et s'explique par les contraintes de fonctionnement du système de stockage à court terme.» 142

D'un point de vue pédagogique, c'est cette contrainte qui nous intéresse. Elle nous intéresse d'autant plus que les limites de la mémoire de travail semblent particulièrement contraignantes:

Tardif rapporte que :

‘Miller 143 , dans une recherche désormais classique, a clairement démontré que la mémoire de travail ne peut contenir à la fois que 7 unités d'informations ±2. Certains chercheurs (Simon 144 , 1974) ont mis en doute que cette mémoire puisse contenir autant d'informations et prétendent plutôt qu'elle ne contient que 5 unités ±2. Il faut retenir surtout que les conclusions de Miller, qui semblent par ailleurs les plus vraisemblables, sont celles qui ont été les plus influentes dans les écrits de recherche et que la capacité de la mémoire de travail est essentiellement très restreinte. Cette dernière observation est capitale pour l'enseignement et l'apprentissage. 145

Cette limitation est en effet une contrainte particulièrement forte, qui ne correspond pas toujours à l'expérience de l'enseignant. Certains élèves semblent avoir à leur disposition beaucoup plus d'éléments que les 5 ou 7 unités dont parle Tardif. C'est cette notion d'unité qui doit être questionnée. Tardif poursuit:

‘« Par exemple, dans un contexte d'apprentissage initial de la lecture, l'unité peut être une partie de lettre (ex: l'orientation de la barre verticale du «b» par rapport à celle du «p»), une lettre, un mot, un groupe de mots, une phrase et même un paragraphe. Dans un cadre plus large d'acquisition des connaissances, une unité peut être un concept ou un ensemble de concepts reliés entre eux [...] Les recherches sur les experts ont très clairement démontré que leurs connaissances sont reliées entre elles et que, lorsqu'elles sont appelées dans la mémoire de travail, un réseau de concepts constitue une seule unité, occupe l'espace d'une seule unité. Ce serait donc ainsi que l'être humain réussit à prévenir les limites d'espace de la mémoire de travail. »’

Notes
142.

RICHARD J F , (1990). Les activités mentales : comprendre, raisonner, trouver des solutions, COLIN, PARIS

143.

MILLKER G A, (1956) The magical number seven, plus or minus two ; some limits on our capacity for processing information, Psychological Review, 63, 81-97

144.

SIMON, H, A, (1974), how big is a chunk ? Science, 183, 482-488

145.

TARDIF, Jacques, (1992), Pour un enseignement stratégique, l’apport de la psychologie cognitive, Montréal, Logiques, page 168.