8.4. Un autre modèle d’acquisition des connaissances pour une pédagogie de l’activité

8.4.1. Les connaissances sont insérées dans la compétence

Nous devons maintenant revenir sur la notion de compétence, et sur la définition descriptive que nous en avons donnée.

‘Une compétence serait le projet plausible de mettre en œuvre une démarche générale vue comme efficace et adaptée, une stratégie probablement gagnante, dégagée d’expériences variées et complémentaires. ’

Cette stratégie devient un projet à partir du moment où elle a été exercée avec succès, en conscience, un nombre suffisant de fois, dans des situations de résolution de problèmes.

Nous pouvons maintenant préciser le lien entre compétence et connaissance. Au cours de l’exercice, d’abord guidé, certaines connaissances sont utilisées. Le choix est laissé à l’initiative de l’apprenant, qui doit comparer le problème à résoudre et ce qu’il sait, au moins partiellement. La résolution du problème provoque un approfondissement de ces connaissances et des liens entre elles, c’est-à-dire l’émergence d’un sens pour l’apprenant. Ce sens est dépendant du contexte et de la stratégie de résolution

Nous pouvons, de cette façon, interpréter les difficultés rencontrées lors du transfert. La stratégie, qui définit la compétence semble dans son énoncé, indépendante du domaine d’application. Dans la pratique, pour s’exercer, elle se nourrit de connaissances spécifiques au contexte. Il ne peut donc avoir manifestation d’une compétence s’il n’y a pas de connaissances contextualisées. On comprend ainsi que l’expert doit d’abord se familiariser avec un nouveau domaine On peut aussi interpréter le fait que la prise de conscience de la démarche se fasse d’autant plus qu’une compétence s’exerce dans des domaines différents : en effet, apparaît avec plus de clarté ce qui est invariant, indépendamment du domaine d’application, la stratégie.

Nous proposons donc, maintenant, pour les compétences, la représentation suivante :

La flèche représente la démarche qui comprend plusieurs étapes. Posséder une compétence consiste à mettre en œuvre avec succès une démarche habituellement gagnante. Cette démarche a pour conséquence d’une part, une réorganisation de la situation qui fait problème, et d’autre part, une mise en réseau des connaissances pour que le problème puisse être résolu. Une compétence, pour s’exercer, comporte un constituant à peu près invariant, la stratégie, et un autre constituant qui doit être précisé et réorganisé pour que la démarche débouche sur un succès, le réseau des connaissances. Dans le projet de mise en œuvre de la compétence, il y a la stratégie invariante et le réseau à constituer.

La mise en œuvre d’une compétence a donc un effet structurant sur les connaissances et l’acquisition du sens. On peut représenter le processus d’acquisition des connaissances correspondant à notre conception, de cette façon :

À gauche, ce qu’on donne aux élèves, à droite ce qu’ils constituent

On fournit aux élèves un support (problèmes, textes, schéma, etc.). On leur donne aussi certaines connaissances : connaissances déclaratives et connaissances procédurales. Il n’y a pas d’entraînement particulier à l’acquisition des connaissances, l’objectif étant surtout que les élèves sachent où les trouver.

Les élèves doivent alors effectuer une production dans le cadre d’une activité. L’objet de cette activité est l’acquisition de compétences. La mise en œuvre de ces compétences nécessaires à la production se fait à travers les multiples médiations offertes par l’activité. La mise en œuvre des compétences va conduire à une structuration des connaissances en réseau, à condition que ce travail puisse être effectué par l’élève lui-même, c’est-à-dire s’il a les moyens de son autonomie.