Résumé du chapitre

La collaboration et le travail en groupe permettent de multiplier les formes de médiation, chaque élève pouvant devenir un médiateur pour l’autre, ce qui contribue à favoriser une meilleure circulation de chacun dans la zone proximale de développement. Le travail en groupe, étayé par les outils et les règles, intervient directement dans la libération de l’enseignant de la gestion immédiate de la classe. Elle est le mode de fonctionnement habituel, et sa gestion se trouve simplifiée en s’inscrivant dans les habitudes.

Les groupes de travail sont aussi les lieux où se manifestent le plus spontanément les conflits « sociocognitifs », et où ils peuvent se résoudre, avec l‘aide des outils, de la discussion dans le groupe, et enfin de l’aide de l’enseignant.

La multiplicité des points de vue, la nature des difficultés, sont des facteurs d’enrichissement, ce qui semble indiquer que l’hétérogénéité contribue au bon fonctionnement du groupe, alors que ce n’est pas le cas de l’enseignement interactif. Les productions à réaliser sont importantes, et ne peuvent être menées à leur terme que parce qu’il y a une collaboration qui génère un dynamisme qui devrait caractériser une pédagogie de l’activité.

Ce travail en petits groupes s’effectue assez naturellement, parce que tout concourt à son exercice : les outils, les règles, l’attitude de l’enseignant, les habitudes, les problèmes posés.

Dans ces conditions, la division du travail n’a pas le sens qu’on lui donne dans le monde du travail. Il ne s’agit pas de répartir le travail à réaliser. Il ne s’agit pas non plus d’atteindre des objectifs intermédiaires qui seraient des étapes conduisant à l’acquisition de compétences. Il s’agit plutôt que chacun, élèves et enseignant, joue alternativement des rôles vis-à-vis des autres intervenants qui vont permettre à chacun d’atteindre les compétences qui constituent l’objet de l’activité. C’est à partir de ces « jeux de rôle » que l’apprentissage s’effectue Chaque rôle est une action au sens de Leontiev : son but est précis, et l’ensemble des rôles conduit à la réalisation de l’activité. Ces rôles consistent par exemple, dans un groupe, à donner de l’information, poser des questions, pointer des contradictions, vérifier, s’exercer, comparer, donner un point de vue, etc… L’enseignement interactif établit une distinction entre les rôles de l’enseignant et celui des élèves. Dans une pédagogie de l’activité, cette distinction ne tient plus et ces jeux de rôles constituent une part indispensable de ce que les élèves doivent faire.

Nous considérons que la diversification des rôles est un concept indispensable à la compréhension du fonctionnement d’une pédagogie de l’activité. Ce concept joue un rôle analogue à celui de la division du travail dans la théorie de l’activité.