1.3. Une définition de la communauté dans la pédagogie de l’activité

Selon le Petit Robert, une communauté est :

‘Un groupe social dont les membres vivent ensemble, ou ont des biens, des intérêts communs.’

Dans une pédagogie de l’activité, les intérêts communs de la communauté sont la poursuite de l’objet, donc ici, de l’acquisition de compétences. La communauté est constituée par la classe fermée qui suit ensemble un même cours. Ce n’est d’ailleurs pas obligatoire : la communauté peut être aussi constituée par des individus qui ne se réunissent pas dans un même lieu. C’est par exemple le cas dans l’enseignement à distance ou les apprenants peuvent être dispersés aux quatre coins du monde. Dans ce cas, la communauté prend la forme d’une diaspora que réunit un objet d’apprentissage commun. La communauté est structurée pour rendre possible une production complexe.

Ce n’est pas le cas dans un enseignement interactif. Structuré autour d’un enseignant, et dépendant de ses interventions, le groupe classe est condamné à des productions relativement simples, parce que la structure de l’enseignement interactif ne permet pas facilement de produire des choses compliquées. Ce qui est plus difficile, en particulier, tout ce qui s’apparente à la résolution de vrais problèmes, est effectué en dehors de la classe. L’enseignement interactif prend en charge les composants d’une démarche, mais plus difficilement ses articulations qui demanderaient un accompagnement de chaque élève. L’enseignant fait participer, suscite, évalue et corrige mais il ne peut que difficilement intervenir dans l’élaboration des productions plus complexes.

Quand l’enseignement interactif veut changer la structure de la classe pour mettre en place des groupes de travail, il le fait, le plus souvent, en introduisant provisoirement l’idée de projet et en mettant en place des moyens de régulation de l’activité et de l’apprentissage des élèves.  175 Les élèves vont alors pouvoir, en classe, aborder des problèmes plus difficiles. Mais cette structure reste occasionnelle.

Nous appellerons « communauté » l’ensemble des formes données au groupe classe. Dans une classe de seconde, on a déjà, institutionnellement, diverses structurations possibles : le groupe classe tout entier en relation directe avec l’enseignant, les modules, où la classe est divisée en deux, l’aide individualisée, dans laquelle on ne peut accueillir plus de huit élèves. En module, ou en aide individualisée, il est possible de faire travailler les élèves en groupe et de poursuivre des objectifs plus méthodologiques.

Dans une pédagogie de l’activité, nous proposons de structurer la classe de façon permanente en petits groupes de travail. Ces petits groupes constituent un repère pour les élèves. C’est le cadre normal de leur travail, même si d’autres configurations peuvent être temporairement constituées., pour que les élèves puissent acquérir les connaissances, savoir et savoir-faire, et les compétences à l’occasion de productions complexes. Le travail en petit groupe est un des fondements de cette structure permanente dans laquelle il est intégré.

Il nous semble donc que le travail en petits groupes se présente de façon très différente dans une pédagogie de l’activité et dans l’enseignement interactif : intégré et permanent dans le premier cas, étranger à la structure habituelle de la classe et exceptionnel dans le second.

Dans la théorie de l’activité, on parle de division du travail. Cette expression nous paraît source de malentendu, et doit être redéfinie dans le contexte de la pédagogie de l’activité.

Notes
175.

BARLOW Michel,(1993,2002) Le travail en groupe des élèves, Bordas, Paris

MEIRIEU Philipe, (2000), Outils pour apprendre en groupe, Chronique sociale