1.11. La dynamique du travail en groupe dans une pédagogie de l’activité

La liste précédente ne donne aucune indication sur la dynamique de ces groupes de travail. À partir de leur observation, certains éléments semblent déterminants.

En travaillant pour réaliser la production, les élèves acquièrent des connaissances partielles. Ils construisent des points de vue différents et fragmentaires sur les problèmes à résoudre. Ils progressent à des vitesses différentes. Dans la mesure où ils veulent garder le contact entre eux, ils doivent affirmer, apporter des objections, vérifier, tenter de convaincre, fournir des idées, aider, chacun détenant une part de vérité, et étant, à tour de rôle, le médiateur de l’autre. Une partie des médiations qui sont, en général, du ressort de l’enseignant, se trouvent prises en charge par les élèves. D’autres sont d’une nature que l’enseignant n’utilise pas, mais que les élèves peuvent utiliser entre eux : les élèves emploient des termes et des façons de faire qu’un enseignant ne peut se permettre d’utiliser. Deux conditions sont impératives pour qu’il en soit bien ainsi : l’objectif de chacun est de tout faire et de tout savoir, mais aussi de se sentir responsable, dans le groupe, de tous les autres.

Trois facteurs sont nécessaires pour cela : le plaisir, l’émulation, et le sentiment d’efficacité.

Le plaisir est celui de travailler avec d’autres, de chercher et de trouver ensemble. L’émulation provient de ce que la grande majorité de la classe travaille dans le même sens et de la même façon. L’efficacité se manifeste par le sentiment d’apprendre, corroboré par le travail accompli, la reconnaissance accordée aux travaux effectués et aux notes obtenues. L’émulation et le sentiment d’efficacité encadrent l’espace de liberté fourni par le travail en groupe. L’équilibre entre ces facteurs passe par la difficulté des productions à réaliser, l’exigence de résultats de l’enseignant et la qualité des outils permettant d’accomplir le travail.

Les élèves devraient progressivement devenir conscients des rôles qu’ils peuvent jouer à l’intérieur des groupes. Ils devraient aussi prendre conscience de la variabilité des rôles selon les actions effectuées. Nous avons déjà insisté sur l’importance de l’intériorisation de la structure générale de l’activité. Les règles vont aussi clarifier le processus, expliciter le rôle de chacun, et préciser le statut de la production par rapport à l’apprentissage attendu. Enfin, l’enseignant devrait être particulièrement vigilant, car la prise de conscience des élèves n’est pas spontanée.

La difficulté est maintenant de déterminer la configuration des groupes de travail et les conditions concrètes qui vont rendre possible ce type de division du travail. Pour cela, nous devons tenir compte du fait que ces groupes sont insérés dans le système de l’activité qui donne son sens à l’ensemble, et que les groupes de travail vont interagir avec tous les autres pôles de la structure, en particulier avec les outils, les objets et les définitions descriptives que nous avons donné des compétences et des connaissances.