2.2. Un facteur essentiel de « l’interdépendance positive » est l’intériorisation progressive de l’activité et l’utilisation d’outil

Pour ABRAMI, l'interdépendance positive

‘[…] peut être considérée aussi bien comme une structure devant assurer que les élèves travaillent de concert que comme un esprit qui imprègne les classes où les élèves se soucient de leur propre apprentissage et de celui de leurs camarades. 183

Il introduit ainsi une autre idée qui concourt à la structuration du groupe de travail : l’esprit qui imprègne la classe déteint sur l’esprit qui règne dans le sous-groupe. Le travail dans les sous-groupes évolue vers plus de coopération sans que nous, les enseignants, ayons à faire de nombreuses interventions dans ce sens et ce travail est perçu, aussi bien par les élèves plus forts que par les plus faibles comme positifs 184 .

Personnellement, pour avoir voulu faire travailler les élèves en groupes sans les placer à l’intérieur d’une activité, les difficultés rencontrées alors dans le fonctionnement des groupes laissent à penser que la structure dans laquelle le sous-groupe est plongé a une influence directe sur son fonctionnement interne.

Les règles jouent aussi un rôle médiateur entre l’élève et l’objet de l’activité. Dans la mesure où elles rendent plus claire la structure générale, qu’elles lui attribuent un sens et qu’elles facilitent la représentation de l’ensemble de l’activité, elle devraient contribuer à reproduire dans le sous-groupe les relations d’aide portées par la pédagogie de l’activité.

Howden décrit de cette façon le travail en petits groupes :

‘Les élèves regroupés en équipes travaillent ensemble pour atteindre un but commun tout en s'encourageant et en se motivant les uns les autres. L'interdépendance, c'est avant tout l'établissement de rapports positifs et empathiques entre les membres d'une même équipe. Les situations d'apprentissage sont structurées de manière à inclure un but commun, des rôles, une répartition du travail et une distribution limitée du matériel 185 .’ ‘De même que le travail d'équipe traditionnel, les membres ont un but commun et une même tâche à accomplir. Cependant, la tâche à réaliser à l'intérieur du travail d'équipe coopératif est planifiée de manière à ce que chacun ne puisse la réaliser seul. Il existe plusieurs formes d'interdépendances que l'enseignant peut utiliser pour créer une véritable synergie dans l'équipe, par exemple, une même production mais des tâches distinctes, des rôles différents etc. 186

On retrouve dans ces deux extraits les conditions qui sont satisfaites dans une pédagogie de l’activité : un but commun, une même production et des rôles différents. La qualité des relations dans le groupe dépendrait avant tout d’une attitude des apprenants : l’interdépendance, c’est l’établissement de rapports positifs. Ces rapports n’ont pas à être créés artificiellement par des récompenses particulières ou la création artificielle de rôles à l’intérieur du groupe. Ils s’intègrent dans la structure générale de l’activité qui lui donne son sens et influence largement le comportement de chaque élève dans le groupe.

Outre le point précédent, une pédagogie de l’activité apporte un élément essentiel : l’utilisation des outils. L’outil guide chaque élève dans une démarche correspondant à une compétence visée. L’outil est un élément qui permet à l’élève d’acquérir une autonomie dans son apprentissage en lui en fournissant les moyens. Il est porteur d’une démarche, de ressources, d’exemples et aide à la réflexivité en permettant de prendre conscience d’une démarche efficace et de la comparer à la sienne. L’outil fait le lien entre la compétence visée et les connaissances qui permettent son exercice.

L’outil est commun au groupe, mais la façon de l’utiliser peut être différente et il est source de discussion entre les élèves. Répondre à leurs questions consiste très souvent à les renvoyer à l’outil. Dans les expériences que nous connaissons, nous n’avons pas trouvé d’équivalent. Nous avions fait des tentatives de travail en groupe sans l’intégration dans une structure de pédagogie de l’activité et sans outil. Ces expériences s’étaient révélées difficiles, et nous ont conduit à proposer la structure actuelle.

Notes
183.

ABRAMI P.C et al. (trad.), 1996, L'apprentissage coopératif; Théories, méthodes, activités, Chenelière, Montréal.

184.

Ce point sera développé dans le chapitre 8.

185.

HOWDEN J , MARTIN H, (1997), La coopération au fil des jours, Editions la Chenelière, Montréal, p 12

186.

HOWDEN J , MARTIN H, (1997), ibid, p 17