3.1. La durée de vie des groupes de travail

On trouve fréquemment qu’il est bénéfique de modifier les groupes de travail pour que tous les élèves puissent travailler avec tous les autres. Nous n’avons pas fait ce choix. Nous avons observé qu’il faut entre un mois et un mois et demi pour que les élèves apprennent assez bien à se connaître pour qu’un véritable travail collaboratif s’instaure. C’est d’ailleurs après cette période qu’il faut envisager des modifications dans la composition de groupes qui ne parviennent pas à travailler.

En revanche, c’est aussi après cette période que certains élèves se pose vraiment la question de la collaboration. Kevin, un élève, ayant de bons résultats en mathématiques, est dans un groupe avec un élève qui se considère lui-même comme ayant de grosses lacunes et un troisième, redoublant, qui semble fort peu travailler. Kevin m’a demandé à venir en aide individualisée, parce qu’il ne parvient pas à expliquer pour être compris. Après une première séance, où il a tenté d’expliquer ce qu’il avait compris à d’autres élèves, il a demandé de revenir en aide individualisée pour poursuivre son apprentissage de l’explication.

C’est aussi après un mois et demi que les élèves semblent capables de décrire ce qui se passe dans le groupe :

‘On commence par travailler chacun de notre côté, puis on regarde ce qu’on a fait et si on n’a rien oublié. Ensuite, on avance dans le problème et quand il le faut, on s’explique sans jamais donner de résultats (Benoît et Alexandre, élèves de seconde).’

Les groupes de travail sont les mêmes en mathématique et en français, mais cela ne fait que neuf heures dans la semaine. Le reste du temps, le travail se fait selon des modalités plus traditionnelles. L’exercice du travail collaboratif reste donc limité. Cependant, nous avons observé que certains groupes formés en mathématiques et en français se perpétuent à l’extérieur des cours, en étude par exemple.

On peut donc dire qu’après un mois et demi, les élèves se connaissent assez bien pour qu’une véritable communication puisse s’établir au-delà des différences de niveaux, de caractères ou d’habitudes. Ce gain nous semble considérable puisque c’est un des fondements d’un travail collaboratif efficace.

Nous avons donc choisi de constituer des groupes de travail, identiques en mathématiques et en français, et devant durer toute l’année, saut exception. Sur les treize groupes constitués au début de l’année, quatre ont été modifiés. Nous pensons ainsi favoriser les possibilités d’échange dans le groupe.