7.1.3. Les rôles dans les groupes de travail

On considère généralement que les rôles joués par les élèves dans un groupe de travail doivent permuter et que chaque élève doit jouer tous les rôles en alternance. Nous aimerions tempérer ce point de vue.

Dans ces groupes hétérogènes, tous les élèves n’ont pas besoin d’exercer des médiations de même nature. Par exemple, un élève qui a des difficultés à faire des liens entre les questions posées et les ressources dont il dispose, et qui travaille avec un élève qui n’a pas cette difficulté mais fait de nombreuses erreurs dans les calculs (nous mentionnons une situation réelle) a d’abord besoin d’apprendre à faire de tels liens, alors que le second a surtout besoin d’apprendre à faire des calculs sans fautes. En français, un élève peut percevoir une approche globale de l’analyse, l’autre peut percevoir les éléments plus ponctuels, par exemple un procédé littéraire qui justifie l’idée générale. Les besoins sont différents et complémentaires et c’est de cette complémentarité qu’il s’agit de profiter. Les rôles de l’un par rapport à l’autre peuvent donc perdurer tant que les difficultés n’ont pas disparu.

Les divers rôles apparaissent quand la nécessité les justifie. Ces rôles se fondent sur l’attention aux difficultés rencontrées et à l’attention portée par les autres acteurs du groupe.

Il importe malgré tout, d’éviter la spécialisation. Pour cela, tous les élèves doivent tout faire et tout apprendre : toutes les productions sont individuelles, et l’évaluation l’est aussi. Par contre le travail exigé demande la collaboration, par son ampleur ou sa difficulté.

Si un groupe semble aller vers un type de division du travail « industriel », il est nécessaire d’intervenir, par exemple en aide individualisée.

Pour renforcer la diversité des rôles, nous inclurons dans les règles une description des rôles qu’il est possible de jouer. Un questionnaire permettra aussi d’être attentif à cette diversité, et d’intervenir en cas de dérive. Des bilans sont donc faits périodiquement.

Par contre, nous faisons l’hypothèse que les moyens que nous venons de mentionner sont suffisants pour assurer une diversité et une complémentarité des rôles. En particulier, nous ne répartirons pas l’information entre les membres du groupe pour forcer la collaboration, nous n’utiliserons pas non plus l’évaluation pour donner des notes de « coopération » dans chaque groupe.

Par contre, nous attachons de l’importance à l’auto-organisation du groupe, dans la ligne des observations de E G Cohen. Cette auto-organisation nous semble indispensable parce qu’elle va dans le sens de la responsabilisation de chaque groupe, mais aussi qu’elle allège la gestion générale de la classe.