10.2.2. Le travail en petits groupes

Le travail en petit groupe est plébiscité par les élèves : travailler en groupe permet de partager des connaissances, et donne plus de chance d’apprendre. C’est un des buts que nous donnions au travail en groupe. Nous ne savions pas si les élèves plus forts n’allaient pas avoir l’impression de perdre leur temps : ce n’est pas le cas, et les élèves réfutent massivement l’idée qu’aider un autre, c’est du temps perdu. Nous trouvons une confirmation au fait que le travail en groupe est profitable aussi bien pour les plus forts que pour les plus faibles. Le voyage dans la zone proximale de développement peut donc se faire non pas forcément en compagnie d’enseignants ou de pairs plus compétents, mais simplement avec d’autres élèves, éventuellement plus forts ou plus faibles. Rappelons que les outils jouent un rôle prépondérant dans le travail de groupe, et qu’on ne peut généraliser ce résultat hors du contexte de l’activité. C’est ce qu’on peut peut-être inférer des réponses données par les élèves aux items 15 et 20 : les élèves pensent qu’ils peuvent aider un élève de leur classe, mais moins facilement un élève d’une autre classe. Cette différence est peut-être accentuée par le fait que les élèves peuvent se servir d’outils pour aider les élèves de la classe, alors que ce n’est pas le cas pour des élèves d’une autre classe.

Nous observons aussi que les élèves disent pouvoir aider un autre élève à débuter un problème et à le comprendre plus facilement que l’an dernier. Cette compétence facilite le travail en groupe : pour travailler avec un autre, il faut l’aider. Les outils sont conçus pour aider un élève à le comprendre et le résoudre. Les élèves peuvent donc aider un autre élève en explicitant la démarche proposée par l’outil. Il a donc un support pour le faire. C’est aussi souvent la façon dont l’enseignant intervient. Ce n’est qu’une hypothèse, mais on peut penser décrire ainsi l’interaction entre l’outil, le travail en petit groupe, et l’acquisition d’une telle compétence.

À partir du moment où l’on peut aider un autre à débuter, comprendre et résoudre un problème, on peut penser qu’on a acquis, au moins partiellement, cette compétence, et qu’on commence à en prendre conscience.

Cette première évaluation nous pousse à entreprendre un nouveau travail et une évaluation plus précise du travail en petit groupe. Le travail en petit groupe n’est pas spontané. Toute la culture des élèves est tournée vers l’individualisme dans l’apprentissage et l’enseignement interactif renforce cette tendance. Il nous semble qu’il faille un véritable apprentissage pour améliorer l’efficacité du travail en petits groupes : par exemple, comment aider un autre, comment l’écouter pour comprendre ses difficultés, comment utiliser les outils pour cela, comment travailler ensemble pour que chacun apprenne tout ? Il nous semble maintenant que les élèves sont prêts à aborder cette phase. Nous pourrions y trouver un gain au niveau de l’efficacité du travail en petit groupe, mais aussi un moyen de faciliter l’acquisition de compétences de niveau plus élevé.