10.2.5. Qu’est-ce que les élèves pensent de l’utilisation des outils ?

Les outils jouent un rôle que nous jugeons essentiel dans cette proposition de pédagogie de l’activité. En particulier, ils favoriseraient le travail autonome, la communication dans le groupe, l’acquisition des connaissances et des stratégies. Ils sont aussi, dans une grande mesure, un substitut au cours traditionnel. Ils donnent un sens aux connaissances en les intégrant dans une structure qui permet d’agir. Nous avons apporté à leur élaboration un soin tout particulier, et un certain nombre d’outils, même si leur apparence est très simple, sont le résultat de trois ans de tâtonnement, d’essais et bien souvent d’erreurs. Même si un outil semble bien fonctionner une année, il va demander des ajustements l’année suivante. Les outils, en particulier en mathématiques, se situent à un niveau plus général qu’au début. Leur nombre a diminué, leur structure s’est simplifiée et chacun d’eux permet de résoudre une classe plus grande de problèmes.

Les élèves ne s’en servent pas spontanément, et nos interventions, en particulier au début de l’année, consistent souvent à les renvoyer à l’outil et à les rendre conscients que toute l’aide dont ils ont besoin est là, devant eux. Souvent, en aide individualisée, le travail va consister à leur faire systématiquement utiliser l’outil pour se rendre compte qu’une grande partie de leurs difficultés se trouve, alors, résolue.

L’outil est une nouveauté culturelle pour eux. L’outil n’est pas un cours, et n’est pas un recueil d’exercices à utiliser par imitation non plus. Nous sentons donc qu’il faut mettre en place une initiation progressive à l’utilisation des outils.

Les outils sont bien vus comme un élément essentiel et la classe affirme que c’est une bonne idée de donner des outils et de les utiliser comme ils sont. Il reste que la forme des outils ne convient pas à tous. Un bon tiers de la classe se dit même prêt à les fabriquer. C’est d’ailleurs déjà le cas, surtout en français.

L’outil adapté par les élèves peut être très éloigné de l’outil initial, en particulier dans sa forme. Certains abandonnent tout recours graphique pour donner une forme très discursive, d’autres utilisent un graphisme que le professeur peut trouver hermétique, mais que d’autres élèves vont trouver lumineux. Il semble donc, là encore, qu’une autre voie puisse s’ouvrir, où les élèves prendraient le temps de reconstruire des outils à partir d’une proposition de l’enseignant. On pourrait tenter d’observer des constantes, peut être associées à des modalités d’évocation personnelles. Ce serait en tout cas un travail direct sur les stratégies de chacun et sur la forme individualisée correspondante. Certains élèves pourraient ainsi travailler à une adaptation personnalisée de leur environnement d’apprentissage. Il nous semble qu’il y ait là une voie qui vaut la peine d’être explorée.