IV.1. Le recueil des corpus et les problèmes d’enregistrement

Nos corpus sont constitués principalement de trois cours différents dont deux cours traditionnels pris en charge respectivement par une enseignante chinoise de français (ECy), numéroté classe (1) et par une enseignante française (EFp) numéroté classe (2), un cours de conversation pris en charge par une enseignante chinoise de français (ECg), numéroté classe (3). Nous avons également 5 séances de l’examen oral qui ont eu lieu à la fin du deuxième semestre et encore deux moments de dialogues entre l’enseignant chinois et ses apprenants au téléphone, à un moment très particulier. Tous ces corpus ont été recueillis à l’université dans le département de français en 2002 et 2003.

Quant aux conditions d’observation, elles ne sont pas bonnes matériellement car le cours traditionnel se fait avec une vingtaine d’apprenants et l’espace institutionnel ne permet pas à l’observateur de déplacer l’unique caméra pour avoir une image et un son de bonne qualité. Certaines des interventions au cours des activités didactiques ne peuvent pas être transcrites à cause des bruits parasites présents dans l’enregistrement, en outre, les fenêtres de la classe donnent sur une autoroute. Pour avoir une image et un son de la meilleure qualité possible, nous avons installé la caméra près des apprenants, assez proche du tableau. Nous avons décidé de filmer plutôt l’enseignante. La plupart du temps, nous avons orienté la caméra vers l’enseignante. Quand un apprenant prenait la parole, nous essayions de diriger la caméra vers lui. Comme on le sait très bien, l’apprenant chinois ne parle pas aussi fort que l’enseignante en classe de langue étrangère, il est donc facile de comprendre pourquoi parfois nous n’entendons pas, sur l’enregistrement, les apprenants.

Pour l’enregistrement de la classe de conversation, les conditions ne sont pas non plus très bonnes parce que la salle est assez grande et que l’administration demande aux apprenants de maintenir entre eux, une grande distance à cause de SRAS qui sévit au moment de notre observation.

Nous voulons en outre souligner le fait qu’il soit difficile d’avoir une image claire et globale de tout ce que l’enseignante note au tableau dans la classe traditionnelle. Nous avons eu envie de prendre les notes d’un apprenant pour présenter les notes de l’enseignante au tableau, mais nous avons remarqué que ce n’est pas toujours ce qui est noté sur le tableau qui est copié par l’apprenant dans son cahier. Les apprenants font des choix dans leur prise de notes, d’après leurs besoins. En effet, il y a une constante interaction entre la communication orale et la communication écrite au tableau. Nous avons observé sur place que l’écriture au tableau est la source des interactions orales ou bien le résultat des activités didactiques. Nous prenons ici un exemple de la transcription de la classe (2) qui est le reflet de ce qui se passe à l’oral. Dans cet exemple typique, nous voyons, dans la partie finale de chaque séquence, que l’enseignante bâtit souvent son intervention évaluative à partir de la production de l’apprenant. L’enseignante entame son intervention en reprenant les propos de l’apprenant :

Exemple issu du corpus EFp : 

Souvent, à l’université chinoise, pour l’examen oral, l’apprenant est évalué par un enseignant. L’apprenant tire au sort un thème et dialogue sur ce thème avec l’enseignant. La présence d’une caméra pourrait mettre les deux interlocuteurs dans une situation gênante, pour l’un et pour l’autre. Nous avons remarqué que durant l’examen oral, l’enseignant n’a rien noté au tableau, mais dans son cahier, il est donc vraiment difficile de savoir ce qu’il a noté. De plus, dans l’entretien en français, l’intervention évaluative n’est pas régulière, parfois l’enseignant la fait, parfois il ne la fait pas. Encore une fois, il est difficile de connaître la motivation de l’enseignant, alors qu’en classe, l’intervention évaluative de l’enseignant est évidente, tout comme son intention d’officialiser la réaction d’un apprenant.

Exemple issu du corpus ECh : 

Exemple issu du corpus ECh :

Il nous faut reconnaître qu’il existe toujours une nuance entre l’enregistrement et la transcription des corpus en raison de l’insuffisance de la description bien que nous essayions d’interpréter au mieux notre observation. Nous avons utilisé des codes de transcription nécessaires pour garantir la plus grande fidélité à notre observation, pour faciliter la compréhension des corpus et leur analyse. Nous allons présenter notre convention de transcription dans cette partie.