V.3.1. L’interaction formelle

Comme nous venons de l’indiquer, le cours se déroule dans une interaction formelle soumise aux contraintes des activités didactiques qui ont un but d’enseignement / apprentissage. Cette interaction formelle s’effectue évidemment en fonction des éléments suivants :

  • le temps : l’interaction didactique doit respecter la plage horaire qui dure normalement 50 minutes en Chine à l’université. Tous les participants de l’interaction didactique, professeur et étudiants, doivent finir leurs activités didactiques pendant ce temps. Il est impossible de prolonger souvent le temps pour continuer leur interaction.
  • Le lieu : l’interaction didactique se déroule normalement dans un endroit (salle de classe, amphithéâtre, site de visite…) où il est facile de réaliser l’enseignement / apprentissage. Pour remplir leur tâche, le professeur et les apprenants doivent prendre leur statut et leur rôle. Cela implique certains cadres et formats participatifs.
  • La fonction : les fonctions ou les rôles des apprenants sont déterminés par ceux de l’enseignant au cours de l’interaction didactique. Ce dernier peut arrêter les activités des participants à cause des besoins de son enseignement et laisser la parole aux étudiants car son enseignement le nécessite. Il peut même élargir la connaissance selon la réaction des étudiants. Il joue alors son rôle d’informateur-une des trois fonctions cardinales de l’enseignant (informateur, animateur et évaluateur). Ce sont les fonctions de l’enseignant qui conditionnent sa dominance tout au long de l’interaction didactique.
  • La méthodologie : l’interaction didactique n’est pas toujours réalisée à partir d’une seule méthodologie, car chaque discipline possède une méthodologie propre que l’enseignant est tenu de suivre et d’inculquer en classe. Chaque enseignant a aussi sa propre méthode pour organiser les activités didactiques et gérer l’interaction en classe.
  • - L’objectif local : chaque séance a un objectif au niveau de l’enseignement / apprentissage. L’objectif local constitue l’ensemble de tout le programme pédagogique déterminé académiquement ou administrativement par un service supérieur. L’interaction didactique sert principalement à réaliser cet objectif local. L’enseignant peut remarquer le degré de compréhension des apprenants à travers l’interaction. Les apprenants, eux, peuvent approfondir leur compréhension de l’explication professorale et transformer le savoir en savoir-faire dans l’interaction didactique.
  • L’étape : l’interaction didactique se déroule très généralement étape par étape au cours des activités dirigées par l’enseignant comme C. Germain l’a souligné dans « Le didactème, concept-clé de la didactologie » (C. Germain 2001 :455). Selon lui, l’interaction didactique peut se diviser dans l’enseignement / apprentissage des langues étrangères en plusieurs étapes : présentation, pratique, transposition, explication, révision, correction…
  • L’institution : l’interaction didactique est dotée d’un caractère institutionnel, la structure de l’interaction didactique se compose d’une question de la part de l’enseignant, d’une réponse d’un apprenant et d’une évaluation de l’enseignant. Comme R. Bouchrd (1984 :98) l’a écrit, « c’est ce rapport très particulier de la question magistrale à l’information qui va rendre d’après elle l’échange ternaire si fréquent en milieu pédagogique. Le rituel de cet échange est le suivant : le maître diffère l’apport d’information (maïeutique socratique), l’élève propose une information possible, le maître apporte l’information définitive, soit en évaluant positivement la réponse précédente, soit en la refusant et en donnant la solution. »De plus, l’interaction peut être parfois animée par l’interpellation de certains apprenants qui ne le souhaitent pas.
  • Le document : l’interaction didactique se met en acte avec un support linguistique, en particulier dans la classe de langue étrangère en Chine (le manuel ou le texte choisi préalablement par l’enseignant et que chaque participant a devant lui). En cas de discours libre, nous constatons souvent qu’une préparation est nécessaire, avant ou après la classe.
  • - Le tableau noir : l’interaction didactique s’accompagne souvent de l’écriture au tableau noir, soit pour mettre l’accent sur un élément, soit pour surmonter une difficulté rencontrée au cours de l’interaction en classe, soit pour aider les apprenants à mémoriser.

Lorsqu’on compare le dialogue en classe de langue étrangère à d’autres échanges - formels ou informel - nous constatons que son caractère fondamental est d’être presque totalement déterminé par ses conditions de production. Il s’agit d’un échange totalement imposé : dans la plupart des cas, il revient à l’institution de décider du thème conversationnel, du lieu et du moment où il aura lieu, même des partenaires en présence, comme nous venons de l’indiquer.