VI.6.3.3. Le discours d’information visant la grammaire

Ayant pour fonction de décrire la langue, le discours grammatical est, par essence, un discours métalinguistique. L’observation de classes de langue nous a permis de remarquer que tout enseignant se réfère à une description grammaticale. Mais, ces modèles grammaticaux sont considérablement transformés en fonction de la situation de classe, parce que l’objectif des explications grammaticales n’est pas de décrire la grammaire mais de transmettre aux apprenants des connaissances linguistiques, des savoir-faire.

Nous avons constaté que dans la classe de langue, nous trouvons la présence de métalinguistique dans les interventions de l’enseignant, même quand on n’est pas dans une séance destinée à la grammaire. L’enseignant corrige souvent en métalangage les fautes grammaticales existant dans la production des apprenants.

Comme l’apprenante en question n’a pas fait beaucoup attention à la conjugaison du verbe de la phrase donnée par l’enseignante, elle a transformé cette phrase avec le verbe à l’infinitif. L’enseignante lui pose alors une question grammaticale dans son évaluation : « c’est quel temps c’est présent / ou c’est passé composé ». L’enseignante lui indique ensuite que dans cette phrase, on a utilisé le passé composé « la machine a récolté» au lieu de «récolter » à l’infinitif. En 3, en 25, en 76, en 102, en 144, nous trouvons encore cette correction grammaticale en métalangue.

Dans la classe de langue, nous constatons également l’importance du métalangage dans la compréhension grammaticale. Les explications grammaticales sont remplacées simplement par des mots clés qui sont tout aussi efficaces. L’enseignant n’a pas besoin de reprendre à chaque fois la règle, il lui suffit d’un mot ou d’un geste pour obtenir la compréhension des apprenants. Dans l’exemple suivant, le pronom indéfini « personne » est difficile à utiliser pour les apprenants débutants (il y a une longue explication dans le dictionnaire le « Robert quotidien »). En situation de classe, l’expression « ne…personne » a été facilement acquise par les apprenants grâce à une seule métalangue « zéro » qui n’a aucune relation avec le mot « personne » :

Il en est de même pour le nom propre «Noël » qui ne possède pas d’article dans la langue française. D’un mot clé, voire même grâce à un mot anglais avec un geste, l’enseignante a mis tout de suite les apprenants sur le chemin de la compréhension.

Nous reconnaissons que le discours ayant un rôle métalinguistique permet principalement l’explication de la règle. Il indique le fonctionnement de la langue. Il est nécessaire de signaler, pour terminer, le problème suivant : dans l’enseignement, le métalangage se traduit d’une manière compliquée, il y a la métalinguistique (métalexical, métasyntaxique, métaphonétique…), le métadiscours, la métacommunication. Tous ces phénomènes métalangagiers existent dans le discours de l’enseignant, parce que dans une classe de langue, on parle la langue pour l’apprendre. De plus, entre l’enseignant et ses apprenants il y a une communication à propos de la langue. Comme F. Cicurel (1984 :41) l’a indiqué : « l’activité métalinguistique est celle qui a pour objet l’étude de l’analyse de la langue ».