4. 5 séances d’examen oral de français menées parun enseignant chinois de français ECh à l’Université des études internationales de Pékin en Chine

En Chine, le test de compétences linguistique et communicative des apprenants en langue étrangère occupe une place assez importante dans l’enseignement / apprentissage des langues étrangères comme dans celui de la langue maternelle. A la fin de chaque semestre et de chaque année scolaire, les apprenants sont soumis à des examens. Celui qui rate son examen est obligé de redoubler la classe. De plus, les résultats des examens sont étroitement liés à l’obtention des allocations universitaires et aux choix des postes de travail pour les apprenants à la fin de leurs études. C’est pour cette raison que de nombreux apprenants manifestent une certaine crainte à l’égard des examens et y prêtent une grande attention. Ils les considèrent comme un facteur décisif dans le classement universitaire des apprenants sur le plan des études universitaires. Il faut reconnaître que l’examen tient une telle place que la plupart des apprenants s’accrochent aux résultats du test. Ils font tout leur possible pour obtenir une bonne note: « La notation des examens est vitale pour les étudiants

En réalité, l’évaluation est loin d’être le but de l’enseignement / apprentissage. D’un côté, elle permet à l’enseignant de savoir si ses stratégies d’enseignement sont fructueuses dans la classe de langue et d’évaluer les capacités des apprenants. De l’autre, elle permet à ces derniers de répéter ce qu’ils ont appris dans leur parcours d’apprentissage. En un mot, elle ne constitue qu’un moyen permettant de mieux réaliser l’objectif de l’enseignement / apprentissage. Si nous insistons pour utiliser le vocabulaire « évaluation » pour qualifier la fonction de l’examen dont le but est de tester la qualité des études des apprenants, il nous faut ajouter que c’est aussi pour tester la qualité de l’enseignement, parce que enseignement et apprentissage sont étroitement liés.

Dans ce sens, il faut que l’enseignant et les apprenants accordent une attention suffisante à l’évaluation mais il ne faut en aucun cas la pousser à l’excès car des faits montrent plus d’une fois que celui qui réussit à l’examen ne réussira pas forcément dans son futur travail. L’enseignant ne doit pas encourager les apprenants à faire tous leurs efforts pour obtenir une bonne note. Il doit orienter ses apprenants dans l’acquisition d’une compétence de communication. L’évaluation ne doit pas seulement porter sur l’acquisition de la compétence linguistique mais, avant tout, sur l’acquisition de leur compétence de communication. Voilà pourquoi dans les cinq séances d’examen oral, l’enseignant lance à la fin de l’examen une question plus ouverte pour permettre à ses apprenants de parler librement et voilà pourquoi aussi l’enseignant reprend, au cours de l’examen, ses stratégies pédagogiques : sollicitation, répétition et commentaire pour favoriser la manifestation de la compétence communicative des apprenants.

Pour l’examen oral, les méthodes utilisées dans l’enseignement / apprentissage du français langue étrangère sont diverses. Elles vont des exercices à choix multiples à l’évaluation des éléments de la langue au travers de questions-réponses, d’un entretien guidé jusqu’à l’expression libre sur un thème donné.

L’examen oral tient toujours une place particulièrement importante dans l’enseignement du français, surtout pour les apprenants débutants. Dans l’enseignement du français en Chine, on pratique habituellement deux méthodes pour tester l’expression orale des apprenants : la première consiste à organiser un entretien guidé entre l’enseignant et l’apprenant sous forme de question-réponse, dont le thème est tiré au sort. La seconde consiste à demander à l’apprenant de faire un exposé oral sur un sujet qu’il choisit. L’auteur du test prépare une liste de sujets. Chaque apprenant va tirer au sort pour choisir le sujet sur lequel il doit faire un exposé oral après quelques minutes de préparation.

Dans l’entretien guidé, c’est presque toujours le questionneur qui pose des questions déterminées auxquelles répond le questionné. Souvent, ces questions rentrent dans le cadre du thème tiré. Les tests de ce type mettent l’accent sur l’acquisition de formes linguistiques et non sur l’acquisition de la compétence de communication. Ni l’entretien guidé, ni l’exposé oral ne sont placés dans un cadre de communication réelle. Ils correspondent aux objectifs d’apprentissage.

Pour un nouvel enseignement du français, les tests oraux doivent mettre l’accent sur la formation de la compétence de communication des apprenants. Les corpus sur lesquels que nous travaillons se trouvent entre les deux, car pour les apprenants débutants, sont nécessaires des éléments linguistiques sans lesquels, leur compétence communicative est impossible. L’examen oral se divise donc, en principe, en deux parties, la première pour tester la compétence linguistique en partant de la question simple à la question plus difficile. La deuxième teste la compétence de communication à travers une question permettant un exposé oral sur un sujet courant.

Cet examen oral s’est tenu à la fin du deuxième semestre pour des apprenants ayant suivi seulement 10 mois de cours de français. L’examen aurait dû être tenu par Mlle Véronique Poutier rentrée en France au milieu du semestre pour raisons de santé, mais c’est M. Huang, enseignant chinois de français, qui s’est chargé du cours oral à la place de Mlle Poutier. Pour l’examen, les apprenants devaient trier au sort un thème. Ils avaient ensuite 5 minutes préparation. Avant l’examen, M. Huang avait préparé 100 questions sur 10 thèmes différents que les apprenants de la classe avaient rencontrés au cours de leur apprentissage de français. Ces questions étaient des questions très familières pour ces apprenants débutants. Tous les apprenants de cette classe n’étaient pas d’accord pour passer leur examen oral devant la caméra. Ils trouvaient que la présence de la caméra au moment de l’examen les gênerait beaucoup, et risquerait d’influencer négativement leur note. La note est en effet très importante pour les apprenants, les professeurs, les parents et même les administrateurs, car l’allocation universitaire des étudiants est décernée en fonction de leur note à l’examen. Il est donc aisé de comprendre pourquoi, dans un premier temps, toute la classe refusait le filmage.

La Classe N0508 du département de français de l’Université des études internationales de Pékin est la même classe que celle du cours donné par Mlle POUTIER. Au moment des examens du semestre, toutes les classes étaient disponibles pour la préparation des examens par les apprenants. Trois classes étaient réservées pour cet examen oral : une comme salle de l’examen ; la deuxième, comme salle de préparation après le tirage ; la troisième comme salle d’attente pour les autres candidats. Toutefois le couloir était un peu bruyant car les apprenants attendant leur tour ne voulaient pas rester dans la salle d’attente, ils voulaient, avant de passer, obtenir des renseignements auprès des apprenants sortant de la salle d’examen.

Le 11 juillet 2002, de 9 heures à 10 heures. Chaque séance d’examen dure environ 5 minutes.

Monsieur Huang, enseignant de français a enseigné 35 ans le français à l’université en Chine. Il possède une riche expérience d’enseignement du français, pour les débutants. Il a fait, avant sa retraite, deux séjours en France, à Paris. Son dernier séjour a été consacré à un stage de didactique à Paris 3, sous la direction de M. R. Galisson.

L’examinateur, Monsieur Huang enseignant de français en retraite, a été invité à reprendre provisoirement sa fonction d’enseignant pour remplacer Mademoiselle Véronique POUTIER, lectrice de notre université rentrée en France pour raison de santé. En tant que remplaçant, Monsieur Huang ne connaissait pas très bien ses apprenants. C’est pour cette raison que nous avons pris pour corpus cet examen qui expose relativement objectivement le niveau de français d’apprenants débutants.

Les apprenants avaient entre 19 et 20 ans. Ils avaient déjà passé presque 10 mois à apprendre le français au moment de l’examen. Pendant cette période, c’était Mademoiselle POUTIER qui s’occupait du cours oral de français, deux heures par semaine, soit 72 heures pour une année universitaire.

Dans le corpus, nous utilisons les abréviations suivantes pour nommer les participants:

E : Enseignant 

A : Apprenant

At : Apprenante

Nous avons essayé d’utiliser une convention de transcription, pour rendre l’examen compréhensible, qui éclaire au mieux tous les traits de l’oral avec l’utilisation des signes permettant de rendre compte essentiellement des pauses et des intonations montantes ou descendantes.

Nous avons numéroté les tours de parole tout en identifiant leur statut dans les échanges verbaux, enseignant (E), apprenant (A), apprenante (At). Pour faciliter l’analyse, nous avons coupé aussi le même tour de parole en deux ou même en trois parties. Comme c’est un examen oral de fin de semestre, la réaction langagière des apprenants est plus rapide que celle du cours. Nous n’avons donc pas fait beaucoup attention à la durée des pauses. Maintenant, nous signalons le code que nous avons indiqué dans la convention générale des corpus du présent travail.