5. Entretiens pédagogiques entre un enseignant et des apprenants au téléphone

Le printemps 2003 est vraiment, pour la Chine, surtout pour les Pékinois, un printemps particulier à cause de la menace du SRAS, qui a beaucoup bouleversé la vie quotidienne. Pour éviter la propagation de cette maladie, le gouvernement et les autorités locales ont pris des mesures nécessaires et efficaces: fermer les lieux publics, interdire la tenue de réunions, fermer la bibliothèque et la grande salle à l’école, éviter les rencontres pédagogiques etc… A l’université où nous exerçons notre métier, on a supprimé provisoirement l’enseignement dans les classes plus de 20 apprenants. Toutes les activités pédagogiques ont été suspendues. En raison de toutes ces difficultés apportées par le SRAS, il fallait animer les activités pédagogiques d’une façon particulière pour que celles-ci soient assurées au maximum et que la perte pédagogique soit la moins importante possible. Chaque enseignant devait donc prendre contact avec des apprenants, même il ne les avait pas en classe avant le SRAS, dans le cadre d’activités pédagogiques. Les enseignants du département de français gardaient, dans ces conditions, un lien pédagogique avec leurs apprenants, par téléphone, pour assurer l’enseignement.

Chaque enseignant, pour ces entretiens, avait sous les yeux la liste des noms des apprenants avec qui il lui fallait prendre contact. Il y avait aussi un plan de travail pédagogique sur lequel étaient écrits tous les numéros de téléphone des apprenants concernés ainsi que le programme d’enseignement de cet entretien pédagogique.

Les apprenants étaient au courant de cette activité grâce à Internet. Ils attendaient l’appel de l’enseignant, soit chez eux pour ceux qui étaient rentrés chez eux devant la menace du SRAS, soit dans leur chambre pour ceux qui étaient restés au campus. Ils devaient, en principe, préparer des choses pour cet entretien particulier. Nous remarquons que

1/ les apprenants avaient l’intention de dominer la conversation dans l’entretien, ils voulaient que l’entretien se déroule sur leur piste interactionnelle.

2/ ils insistaient pour présenter ce qu’ils avaient préparé et ne voulaient pas être interrompus au cours de l’entretien.

3/ ils manifestaient une hésitation au moment où l’enseignant voulait leur poser des questions et ils les acceptaient bon gré mal gré.

L’enseignant était chargé de mener l’entretien pédagogique avec une classe composée d’étudiants de formation continue ayant une très bonne connaissance de l’anglais avant leur apprentissage du français deuxième langue étrangère.

Cet entretien peut se diviser en deux parties d’après la communication entre l’enseignant et cet apprenant. La première partie est composée de deux genres de questions : les fausses questions qui ont pour objectif la révision des expressions apprises comme Où êtes-vous ? Avec qui êtes-vous à la maison etc… et les vraies questions qui ont pour objectif de communiquer réellement, comme Pourquoi vous apprenez le français comme la deuxième langue étrangère ? Comment trouvez-vous la langue française?etc… La deuxième partie est composée du programme d’enseignement. Les activités pédagogiques sont préparées spécialement par l’enseignant pour cet entretien particulier.

Cet entretien s’est déroulé au téléphone, le matin du 1er juin 2003, entre un enseignant âgé de plus de 40 ans, ayant une expérience d’une vingtaine d’années d’enseignement du français et un étudiant en formation continue, ayant des connaissances d’anglais, réfugié dans sa région d’origine sous la menace du SRAS.