1.2. Le signe linguistique

Comment est-il maintenant possible d'exprimer une idée à l'aide d'une unité lexicale ? Il faut pour cela qu'une unité lexicale puisse "transporter" une représentation mentale pour pouvoir l'extérioriser à l'oral ou à l'écrit. Ainsi, dans sa description de la langue, Saussure distingue deux classes abstraites qu'il appelle signifiants et signifiéset qu'il représente sous forme d'une médaille "à double face" réunissant le "concept mental" à "l'image acoustique" et "l'objet dans le monde réel" au signifiant "arbor" :

Figure 1 : la médaille de "double face" (Saussure, 1995 : 99)
Figure 1 : la médaille de "double face" (Saussure, 1995 : 99)

Dans ce modèle, l'image acoustique (c'est-à-dire l'empreinte psychique d'un mot de la langue comme, par exemple, "arbor") constitue le signifiant. Le concept mental représente le signifié et réfère à l'objet dans le monde réel. Leur réunion dans le signe linguistique permet la nomination d'un objet dans la réalité et Saussure lui attribue une caractéristique fondamentale : le signe linguistique est arbitraire. Cela veut dire qu'il n'existe pas de dépendance mécanique entre l'image acoustique du signifiant et le concept mental du signifié. Nous le constatons facilement en comparant les unités lexicales dans différentes langues : pour nommer un objet, chaque communauté linguistique a développé ses propres conventions qui se traduisent par trois caractéristiques : des formes acoustiques différentes, mais aussi une structuration variable de la réalité et le développement de nuances langagières qui varient d'une langue à l'autre.