2. Description des unités lexicales dans la langue

L'observation de la langue fait apparaître des éléments externes du signe linguistique comme la forme phonétique et la forme graphique ainsi qu'une utilisation successive des différentes unités lexicales allant des unités minimales jusqu'aux unités complexes que Saussure appelle des syntagmes.

2.1. La forme phonétique

Au cours d'une communication, les unités lexicales doivent être produites, transmises et réceptionnées. Pour cela, elles mettent à contribution différents organes du corps humain. L'étude du déroulement des processus nécessaires à ces trois compétences conduit à considérer trois sous-disciplines de la phonétique : premièrement, la phonétique articulatoire qui observe comment la forme phonétique est produite à l'aide des organes phonatoires (larynx, cordes vocales, bouche, langue, etc.). Ensuite, la phonétique acoustique qui étudie les caractéristiques physiques lors de la transmission des sons. Enfin, au niveau de la réception, la phonétique auditive qui s'intéresse au traitement des phénomènes neuronaux et au fonctionnement de l'appareil auditif.

L'articulation des différents sons est apprise pour la langue maternelle au cours des premières années de l'enfance et elle nécessite une disposition physique spécifique qui se perd au cours des années. Cela veut-il dire qu'un apprenant peut connaître des difficultés pour apprendre à produire correctement les sons de la langue cible De nombreux chercheurs estiment que le cerveau enfantin est marqué par une plasticité importante qui se perd progressivement avec la latéralisation hémisphérique pour le langage. Ainsi, Lenneberg (dans : Hamers et Blanc, 1983 : 104) postule l'existence d'une période critique pour l'acquisition de la langue qui se termine vers la fin de la plasticité neuropsychologique. Suite à une étude par rapport à l'effet de l'âge sur la prononciation anglaise, Oyama (dans : Hamers et Blanc, 1983 : 105) conclut "qu'il existe une période sensible entre 18 mois et la puberté pendant laquelle une maîtrise parfaite de la phonologie peut être atteinte et après laquelle la maîtrise de la phonologie devient peu probable. Ceci peut expliquer les problèmes observés pour l'apprentissage d'une langue étrangère dont les sons diffèrent de ceux employés en langue maternelle. La langue française contient, par exemple, des sons nasals qui sont absents dans la langue allemande et la langue allemande connaît des consonnes fricatives comme le "ch" de "ich" qui n'existent pas en français. Schanen et Confais (1989 : 44-46) mentionnent des difficultés supplémentaires pour les apprenants francophones. Ces difficultés se situent au niveau des voyelles brèves allemandes ("bitte"), des consonnes de type affriqué ("Pfanne", "Zeit"), de l'aspiration des consonnes ("Haus") de l'accentuation (" Mo nat") et de l'intonation. Comme les apprenants français n'ont pas appris ces sons à l'âge de la petite enfance, ils sont alors confrontés à un réel problème de prononciation.