3.2.1. Les relations de ressemblance

Certaines unités lexicales se ressemblent au niveau de leur signification ou s'opposent au contraire ce qui nous amène à distinguer les synonymes et les antonymes. Le dictionnaire "Robert Méthodologique" (1989 : 1375) définit les synonymes comme des "mots ou expressions de la même catégorie grammaticale qui ont un sens identique ou très voisin". C'est le cas pour les quatre groupes de synonymes qui se distinguent en fonction de leur provenance : les synonymes qui ont un rapport avec le bilinguisme (Tschüß - Tschau), les synonymes crées dans une pratique sociale et avec le but de raccourcir une unité lexicale (Auszubildender - Azubi), les synonymes dans différents registres de langues (viel essen - reinhauen), ainsi que les synonymes crées pour un groupe social spécifique comme, par exemple, les jeunes enfants (Hund - Wauwau).

Les significations des synonymes sont très proches, parfois identiques, tout en comportant des différences au niveau du registre de langue, au niveau des traits sémantiques ou au niveau de l'emploi contextuel (Mortureux, 1997 : 80). Néanmoins, les synonymes peuvent comporter de légères variations de sens. Cela est, par exemple, le cas pour les unités lexicales "Freund" et "Kumpel" qui ont comme trait sémantique commun de signifier une relation étroite entre deux personnes. Or, cette relation entre les deux personnes se distingue dans la durabilité et les activités partagées entre les deux personnes. Alors que le terme "Freund" renvoie à une relation durable et la possibilité de partage de presque toutes les activités de la vie courante, le terme "Kumpel" est utilisé, comme le montre l'analyse de Poitou (à paraître), pour des relations moins longues, des activités professionnelles et des distractions partagées. Dans d'autres cas, la synonymie est bloquée; c'est le cas des expressions figées ce qui rend impossible leur commutation à l'intérieur d'une phrase. Dans l'exemple "Nägel mit Köpfen machen" (signifiant "finir un travail correctement"), il est impossible de remplacer "Köpfen" par "Häuptern" puisqu'une telle commutation rendrait la phrase inacceptable.

Enfin, la synonymie est limitée par le phénomène de la polysémie comme le montre l'exemple des unités lexicales "erhalten" et "bekommen" rendant impossible une commutation sans modifier le sens :

‘(1) "Die Mauer bekommt Risse". (Le mur commence à avoir des fissures)’ ‘(2) "Petra bekommt ein Kind". (Petra va avoir un enfant)’ ‘(3) "Er hat die Silbermedaille bekommen". (Il a eu la médaille d’argent).’

Pour ces trois exemples, la signification de "bekommen" change en fonction du contexte et c'est uniquement dans la troisième phase qu'il est possible de remplacer "bekommen" par "erhalten". Ces exemples montrent alors qu'une unité lexicale est substituable dans un certain contexte et qu'elle ne l'est pas dans un autre contexte. Ensuite, il semble y avoir un lien entre le degré de polysémie d'une unité lexicale et l'acceptation d'une unité lexicale comme synonyme : "plus un mot est polysémique, moins il a de chances d'avoir un synonyme, et réciproquement (Mortureux, 1997 : 81). Enfin, les synonymes se développent dans l'usage de la langue qui évolue au cours du temps, c'est-à-dire sur l'axe diachronique. Il convient alors de prévoir que l'usage fait disparaître certains synonymes ou qu'elle entraîne, au contraire, la création de nouveaux phénomènes de synonymie. Nous pouvons donc conclure qu'il n'existe que peu de vrais synonymes puisque les plus fréquents portent sur les mots appartenant à des registres de langues différentes ou présentent une variation sensible du sens lexical. De plus, il est très difficile de trouver des unités lexicales d'un sens identique pouvant commuter à l'intérieur d'un discours.

Dans une relation d'antonymie, les unités lexicales s'opposent par leur sens en relation avec un domaine qui leur est commun. Ensuite, ils peuvent soit n'avoir aucun rapport morphologique (lachen - weinen), soit être apparentés par une dérivation (Ehemann - Ehefrau). Mortureux (1997 : 82) distingue deux groupes spécifiques de couples d'antonymes : les antonymes complémentaires et les antonymes gradués. Les antonymes complémentaires (Junge - Mädchen) se caractérisent par le fait que nier l'un revient à affirmer l'autre, à condition que l'un des antonymes soit acceptable dans le contexte. Ainsi, il est possible de dire "Markus ist ein "Junge", also ist er kein "Mädchen". Les antonymes gradués impliquent, d'une manière implicite, un point de comparaison qui n'est pas explicite. Ainsi, dans le cas de "Zwerg - Riese", le fait de dire à quelqu'un qu'il n'est pas "grand" ne signifie pas nécessairement qu'il soit "petit" lorsque l'on se réfère à une "norme de l'expérience" de la communauté socio-culturelle. Enfin, les rapports d'antonymie dépendent de la polysémie puisqu'une unité lexicale comme "sauber" peut avoir plusieurs antonymes comme "schmutzig", "verdreckt", "beschmutzt", "unsauber", "verunreinigt" ou "befleckt".