3.2.2. Les relations de hiérarchie

D'une manière générale, le système lexical apparaît comme un ensemble hiérarchisé de classes qui ressemblent à l'organisation cognitive des unités lexicales. Ainsi, les objets qui nous entourent peuvent avoir une caractéristique générale qui détermine leur appartenance à une classe générale. Ensuite, nous pouvons observer un emboîtement de classes par le principe de superordination, c'est-à-dire un emboîtement de classes, sans que les unités lexicales soient reliées morphologiquement (Tisch -Couchtisch) :

Figure 13 : l'emboîtement des unités lexicales par classes de différents niveaux hiérarchique
Figure 13 : l'emboîtement des unités lexicales par classes de différents niveaux hiérarchique

En effet, les classes inférieures héritent des propriétés de la classe immédiatement supérieure tout en se spécifiant à leur tour par des caractéristiques propres (cf. Mortureux, 1997 : 83). Bien que le schéma ci-dessus est très simplifié, il permet de montrer une possibilité de spécification sémantique : l'unité lexicale "Möbel" (meuble) constitue un terme générique qui contient, entre autres, le trait sémantique "pour y placer quelque chose" et nous retrouvons ce même trait sémantique dans les unités lexicales "Tisch" (table) et "Schrank" (armoire). Au niveau inférieur, les quatre termes "Couchtisch", "Eßtisch", "Wohnzimmerschrank" et "Schlafzimmerschrank" présentent en plus, des traits sémantiques du niveau supérieur, chacun des spécificités ("situé à côté du sofa", "servir pour les repas", "conçu pour la salle de séjour" et "conçu pour la chambre").

En fonction de la position des unités lexicales dans la hiérarchie, on distingue les hypéronymes, les hyponymes et les co-hyponymes. Les hypéronymes sont situés à un niveau supérieur. Dans notre exemple, c'est l'unité lexicale "Möbel". Les unités lexicales du niveau inférieur sont appelées hyponymes. Il existe également deux hyponymes en dessous du niveau de "Möbel", c'est-à-dire les unités lexicales "Tisch" et "Schrank". Puisque ces deux unités lexicales se trouvent toutes les deux au même niveau, elles sont appelées co-hyponymes. L'appellation hiérarchique des unités lexicales dépend cependant de la place accordée à l'intérieur de la hiérarchie et du rapport aux autres termes présents. Ainsi, les termes "Tisch" et "Schrank" peuvent être des hypéronymes pour les unités lexicales du niveau inférieur. La "souplesse de positionnement est liée aux multiples points de vue qui commandent la classification" (Mortureux, 1997 : 84).

Par rapport à la précision de la signification des unités lexicales dans cette hiérarchie, nous observons une perte de précision lorsque l'on monte dans la hiérarchie. L'unité lexicale située au sommet d'une hiérarchie a un sens très général et relativement vague, alors que les unités lexicales dans les niveaux inférieurs comportent de nombreux sèmes spécifiques permettant une description plus précise de leur signification.

Enfin, à la relation d'hyponomie s'oppose une autre relation qui se trouve en quelque sorte à cheval sur les relations de hiérarchie et les relations de solidarité : c'est la partonymie. Elle comprend, en fonction de la direction du lien, deux relations : l'holonymie et la méronymie exprimant tous les deux la signification "partie de". Le référent de l'un est une partie du référent de l'autre, comme dans l'exemple "les parties du corps" par rapport au "corps humain", ou encore les unités lexicales "Einführung", "Kapitel X", "Schlussfolgerung" et "Bibliographie" par rapport au terme "Doktorarbeit". Par opposition au type de lien hiérarchique, cette relation "unit un tout à ses parties constituantes (holonymie), ou l'inverse (méronymie)" (Mortureux, 1997 : 85).