4.1. Les conditions de réussite d’un acte de langage

Lorsque deux locuteurs communiquent par l'intermédiaire d'une langue, ils ont a priori comme but de se faire comprendre mutuellement. A cette fin, il convient de respecter quelques règles que Rühl (2000 : 135) évoque dans ses travaux. Il mentionne différentes conditions de réussite de l’acte de langage dont la première est la nécessité que les interlocuteurs arrivent à s’entendre et à se comprendre. D’un point de vue matériel de la communication, les locuteurs doivent maîtriser "la langue dans laquelle le dialogue se déroule" et "aucun bruit ne doit rendre la communication impossible" (Rühl, 2000 : 135). Cette condition semble être très élémentaire et certains linguistes ne l’incluent pas dans les conditions de réussite d’un acte de langage. Nous verrons cependant par la suite son importance pour le travail en tandem où la communication entre deux interlocuteurs a lieu en partie en langue cible et où la communication peut être dérangée par des problèmes de matériel informatique.

Ensuite, Rühl (2000 : 136) mentionne, en se basant sur les travaux de Searle, quatre conditions supplémentaires : premièrement, l’acte de langage doit comprendre un contenu propositionnel, c’est-à-dire que le contenu doit traiter un fait de la réalité, deuxièmement, des conditions préparatoires doivent être remplies pour que le locuteur et le destinataire puissent répondre aux obligations que l’acte de langage pourra créer. Troisièmement, l’acte de langage doit être sincère, et quatrièmement, les activités verbales doivent être soumises aux règles conventionnelles que les sujets parlants peuvent reconnaître. Searle (dans : Rühl, 2000 : 137) l'appelle aussi "la condition essentielle".

Lorsque l’on souhaite transposer ces différentes conditions de réussite d’un acte de langage à une réelle communication, il est tout à fait possible que ces conditions "idéales" ne soient pas toujours exactement remplies, mais il existe des actes de langages indirects permettant de récupérer, au cours de la communication, la réussite de l’interaction. Herbert Paul Grice (dans : Rühl, 2000 : 139) revendique le respect d’un principe de coopération qui amène les interlocuteurs à fournir une aide à l’interprétation, à apporter un bon dosage d’informations (ni trop peu, ni trop d’informations), à ne donner que des informations présumées d’être justes, à répondre par un acte de langage pertinent comprenant un lien avec la conversation et à présenter sa contribution à la communication d’une manière matériellement acceptable.

Enfin, il convient de tenir compte du fait qu’un dialogue est constitué d’un enchaînement de tours de paroles dont les séquences doivent être négociées et où les répliques d’un locuteur sont étroitement liées aux précédentes et celles qui peuvent être attendues, compte tenu du sujet de la communication.