4.2. Les reformulations textuelles

Lors d'une communication, il arrive que les locuteurs ne se comprennent pas. Une raison peut se situer au niveau de la compréhension d'une unité lexicale employée par un des locuteurs. Un moyen pour remédier à un tel problème est le recours à une reformulation. Néanmoins, la transmission d'un message entre l'énonciateur et le lecteur est loin d'être aisée et (Authier-Revuz, 2000) évoque dans ses travaux un nombre important de "non-coïncidences" entre les locuteurs en raison de l'hétérogénéité constitutive du langage. Elle les situe dans le discours lui-même, entre les mots et les choses et dans la langue elle-même.

Dans le but de faciliter la compréhension, les énonciateurs se servent d'outils discursifs comme la reformulation générale, l'auto-correction, le transcodage et les répétitions. Alors que la répétition peut être définite comme une reprise à l'identique sans aucune modification linguistique et sémantique à l'intérieur d'une structure donnée, la reformulation se caractérise par une altération du discours. Du point de vue de l'énonciateur, la reformulation est un "retour du locuteur sur sa propre parole" (Mochet, 2000), où une "séquence discursive antérieure est reprise au cours de la même interaction, inférant ainsi un changement de la perspective énonciative" (Clinquart, 2000). Authier-Revuz (1995) parle aussi de "boucles méta-énonciatives" par lesquelles les énonciateurs redoublent leur dire d'un commentaire sur le dire et de ce qui "ne va pas de soi". L'énonciateur effectue donc un contrôle rétrospectif sur un énoncé qui peut être produit partiellement ou complètement et il va essayer de clarifier, d'exemplifier, de simplifier ou résumer son dire.

L'étude menée par Boucheron (2000) montre que les parenthèses et tirets doubles signalent souvent ces différentes façons de parler et elle explique comment les énonciateurs les emploient en tant que "démarqueurs" qui partagent le sens ou annoncent une curiosité lexicale. Les reformulations intracodiques, dont on parle au niveau textuel, se distinguent des reformulations intercodiques qui font intervenir plusieurs codes (oral, écrit, images). C'est le cas dans l'écriture multimédia où nous trouverons des éléments d'information réexposés d'une manière redondante ou complémentaire. Mochet (2000) évoque la variation du paradigme désignationnel où les informations sont découpées à différents moments et mises en valeur d'une façon démultipliée. En contrepartie, d'autres informations sont reformulées par "focalisation", c'est-à-dire à l'aide de liens hypertextuels et de renvois explicatifs. Dans notre analyse des différents outils multimédia, nous examinerons comment les énonciateurs reformulent les mots et suivent ce que Authier-Revuz (2000) appelle des "trajets centripètes" allant d'une nomination "extérieure" vers une nomination "intérieure" (traduire, par exemple, un mot étranger) et des "trajets centrifugues" où l'énonciateur ajoute un complément d'information en passant d'une nomination "extérieure" vers une nomination "intérieure".