2.3.2. Le feedback

En tant que déclencheur d'un processus de traitement cognitif, le feedback contribue à faire évoluer le système d'interlangue. Néanmoins, un enseignant de langues peut se poser la question du feedback "idéal". Quel type de feedback convient-il de donner à l'apprenant ? En effet, il existe différentes théories qui se basent d'une part, sur l'approche béhavioriste et d'autre part, sur une approche constructiviste.

Pour les béhavioristes, le feedback doit être associé à un renforcement positif ou négatif : l'apprenant est félicité pour une bonne réponse et averti par une réaction négative que sa réponse est incorrecte. A priori, avec ce type de feedback, il n'est pas incité à réfléchir sur sa production langagière. Il a plutôt tendance à automatiser la réaction renforcée positivement. Les cognitivistes considèrent, au contraire, que le feedback doit être un renseignement qui va permettre à l'apprenant de prendre en charge une modification de sa production langagière. Ce feedback "correctif" va attirer son attention sur l'écart entre la norme linguistique attendue et sa production langagière. Il lui procure les moyens pour analyser ses erreurs. L'explication d'Ellis (1994 : 58) est significative pour cette approche :

‘"[…] corrective feedback juxtaposes the interlanguage form with the target-language form, putting the learner in an ideal position to notice the difference. Such feedback serves as a way of raising the learners consciousness about the lack of correlation between the target language and her own interlanguage." (Ellis, 1994 : 58)’

Le modèle de Vigil/Oller (dans : Vogel, 1995 : 41) s'insère dans cette approche et il distingue trois réactions possibles de la part de l'apprenant :

• Un feedback positif et attendu au plan cognitif et affectif conduit à une fossilisation et à une stabilisation des formes correctes et incorrectes de l'interlangue.
• Un feedback négatif attendu ou non au plan cognitif doublé d'un feedback positif attendu ou non au plan affectif conduit à une déstabilisation, c'est-à-dire à une remise en question de la forme d'interlangue utilisée, et à la poursuite de l'apprentissage.
• Un feedback négatif, attendu ou non au plan affectif, mènera vraisemblablement l'apprenant à abandonner sa tentative de communication.

Dans cette théorie, un feedback fait d'autant plus progresser l'apprenant qu'il est négatif sur le plan cognitif et positif sur le plan affectif. Il peut être soit indirect, soit direct. Lorsqu'il est intégré dans un cadre de communication, il est indirect. En contrepartie, lorsqu'il sort de ce cadre de communication (ce qui est le cas d'un exercice scolaire), il est direct.