3.2. Médiation pédagogique

Un apprentissage lexical efficace demande la gestion d'un grand nombre de variables qui vont de "l'input" à la gestion des stratégies cognitives et la vérification des hypothèses langagières. Ces différentes tâches nécessitent des connaissances spécifiques sur l'adaptation de l'input aux besoins de l'apprenant, mais aussi sur le processus d'apprentissage et sur la langue elle-même. Peut-on demander à un apprenant d'assumer l'ensemble de ces activités ? Certainement pas ! Ce dernier est déjà largement préoccupé par la gestion du conflit cognitif qui accompagne chaque processus d'apprentissage. Une médiation, c'est-à-dire une "entreprise destinée à mettre d'accord ou à réconcilier des personnes [ou] des parties" (Le Robert pour tous, 1994 : 710), peut ainsi favoriser la négociation de ce conflit. Or, comment l'enseignant peut-il assumer ce rôle ?

Un travail langagier effectué dans de bonnes conditions est certainement un premier facteur de succès. Pour cela, "l'atmosphère qui règne dans une classe est d'une grande importance" (Bogaards, 1988 : 124). L'enseignant doit créer une ambiance où les apprenants se sentent à l'aise. Pour cela, il doit être chaleureux, sensible, tolérant, patient et flexible, inspirer confiance, respecter les apprenants, avoir une personnalité forte et être une source de stabilité. En outre, un apprenant motivé s'investissant dans son travail est un autre facteur important. Pour stimuler la motivation des apprenants, il convient de créer une situation d'apprentissage permettant une motivation intrinsèque (solliciter, par exemple, la curiosité de l'apprenant) et extrinsèque (donner, par exemple, un but fonctionnel). Si nécessaire, l'enseignant peut également "essayer de transformer des opinions et des préjugés" (Bogaards, 1988 : 56). Des croyances positives combinées avec des émotions positives sont une autre clé de succès. Enfin, un apprentissage actif est plus efficace qu'un apprentissage passif. On peut alors préconiser une participation active de l'apprenant permettant de vivre des situations qu'il ne connaissait pas et de se familiariser avec les attitudes qui lui étaient étrangères.

Aucun processus d'apprentissage ne peut cependant avoir lieu sans que l'apprenant reçoive, sous forme d'un "input linguistique", des données langagières. Comment convient-il de les lui présenter ? Et comment l'enseignant peut-il organiser des activités visant l'intégration des unités lexicales dans l'interlangue ? Nous espérons pouvoir apporter quelques réflexions à ces sujets en étudiant les conditions de présentation et de mémorisation du vocabulaire.