2.1. Les différents produits multimédia

Il existe actuellement différents types de produits multimédia disponibles sur le marché qui se distinguent en fonction de leur support informatique, de leur état d'achèvement, de l'utilisation qui en est faite en cours institutionnalisés et de la compétence lexicale travaillée. Ainsi, le support informatique permet de différencier les produits "off-line" et les produits "on-line" : les produits "off-line" sont enregistrés sur un support de mémoire externe comme, par exemple, le cédérom. Les produits "on-line" sont accessibles à travers le réseau Internet et ils supposent une connexion à un serveur, d'où l'appellation "on-line".

En fonction de leur état d'achèvement, nous distinguons deux types de produits : les produits "prêt-à-l'emploi" et les "systèmes auteurs". Les premiers peuvent être didactisés et s'adresser aux apprenants d'une langue étrangère, ou au contraire, être non didactisés et être destinés aux natifs de la langue (produits "grand public"). Enfin, les programmes auteurs permettent aux enseignants de créer eux-mêmes un environnement d'apprentissage adapté à un public ciblé.

Quant à l'utilisation des produits multimédia, il est possible de les exploiter en vue de l'accès à des informations multiples ou encore de profiter des possibilités de communication qu'ils offrent grâce au courrier électronique. En effet, en tant que source d'information, les sites Internet permettent aux apprenants de rechercher des données par rapport à un sujet donné et de trouver des aides (par exemple, dans le cas des tutorielles). Les enseignants y trouvent du matériel pour la préparation de leurs cours, ils peuvent s'autoformer et échanger du matériel avec des collègues. En outre, les cédéroms offrent la possibilité de réunir sur un seul support (consultable "hors ligne") un grand nombre de documents écrits, sonores et iconographiques qui peuvent être consultés à volonté.

Par ailleurs, grâce à une fonction de communication des produits multimédia, il est possible d'organiser des échanges entre des groupes ou des binômes résidant dans différents pays. Dans le premier cas, les apprenants se rencontrent sur des "forums virtuels" 9 ou des "listes de diffusion" 10 qui leur permettent de publier des textes en langue cible par rapport à un sujet commun pour tous les participants. Chaque enseignant est libre de créer son forum sur lequel vont travailler ses apprenants. En outre, il existe des organisations comme "Associations Cyber-Langues" ou "l'Institut Goethe" qui proposent des activités pour toutes les classes qui s'y inscrivent. Un exemple est le jeu "Odyssée" qui consiste à deviner l'identité des autres classes participantes au jeu, à partir de la description des caractéristiques de leurs villes et leurs pays. Il existe également des projets comme "cultura" où des étudiants d'universités situés dans deux pays différents comparent des documents juxtaposés dans deux langues sur un site Internet afin de mieux comprendre le point de vue et la culture de l'autre. Ils discutent sur le forum et ils reviennent ensuite en classe avec des éléments extraits du forum. Une autre possibilité d'utilisation de la fonction de communication consiste dans l'organisation de simulations globales où les apprenants sont insérés dans des situations virtuelles permettant de s'entraîner dans un univers différent de celui de la classe et d'endosser une identité fictive. On peut citer ici deux exemples : "l'arrivée sur la planète" (un projet pilote lancé en 1997 par Ademirnet) et "la vie de l'immeuble du 109, rue Lamarck, Paris 18è" qui se basent sur les travaux de Francis Debyser. Bien que les échanges sur les forums doivent être encadrés par un animateur afin d'amorcer les débats (par une proposition de sujets de discussion et en encourageant les apprenants), le travail avec les forums a de nombreux avantages : les apprenants travaillent dans une situation de communication qui est proche d'une communication authentique et leur rédaction écrite est valorisée par la publication des textes et leur lecture par l'ensemble des participants.

En outre, lorsque l'enseignant souhaite privilégier les échanges entre des binômes d'apprenants, il est possible d'engager les apprenants dans un "travail en tandem" qui lie deux personnes de langue maternelle différente, apprenant chacun la langue de l'autre, dans une relation réciproque. Ces deux personnes se corrigent mutuellement. Nous reviendrons plus loin sur les détails de cette méthode.

Enfin, nous pouvons classer les produits multimédia en fonction de la compétence lexicale travaillée. En effet, les produits sur support cédérom sont souvent axés sur le travail de la compréhension orale et écrite, alors que les produits "on-line" offrent, par la navigation sur différents sites, la possibilité de travailler la compétence écrite. Par ailleurs, l'emploi du courrier électronique ou la publication sur la "toile" permet un entraînement à la production écrite. Avec les programmes spécifiques comme "Paltalk", il est possible de participer aux "salons de bavardage" (chat rooms) et d'effectuer un travail de production orale. Néanmoins, les possibilités d'entraînement de la compétence orale restent pour l'instant encore assez limitées, même si l'on note les efforts des informaticiens (par exemple, pour le cédérom "Tell me more"), pour intégrer la composante orale. Les chercheurs travaillent également sur l'utilisation de traitement de la parole (analyse, visualisation, synthèse, transformation) et on peut imaginer avoir accès, dans quelques années, à des programmes permettant des dialogues intéressants avec la machine.

Notes
9.

Les contributions des participants restent rassemblées sur un espace de travail et elles sont consultables à tout moment.

10.

Les contributions des participants arrivent dans la boîte électronique personnelle des participants et se "mélangent" avec le courrier reçu par le participant. Il est donc plus difficile de garder une vue d'ensemble sur les échanges par rapport à un sujet.