2.6. La lecture en ligne

Le travail dans un environnement multimédia et l'utilisation d'un écran amènent les apprenants à effectuer une "lecture en ligne" qui se distingue d'une lecture sur papier. Cette lecture en ligne est-elle aussi confortable qu'une lecture sur papier ? Et quelles sont les conséquences sur la reformulation du message textuel ? Une expérience le lecture en ligne est-elle toujours satisfaisante ?

En ce qui concerne le confort de lecture, Hautzinger (1999 : 53) fait remarquer, suite à l'étude des conséquences des structures hypertextuelles sur le texte et la littérature, que la lecture à l'écran est ressentie comme étant moins agréable que la lecture sur papier. Pour éviter d'avoir mal aux yeux, le lecteur s'arrête alors moins longtemps sur une page en ligne :

‘"Das Lesen am Bildschirm ist unangenehmer als das Lesen eines gedruckten Textes, da die Bildschirmoberfläche die Augen mehr belastet. Deshalb ist die Zeitspanne, die Leser gewillt sind, auf einer Computer-Seite zu verweilen, viel kürzer. Autoren müssen daher berücksichtigen, daß ihre Leser an schnelles Weiterspringen innerhalb des Textes gewöhnt sind, und daß sie sich nicht für lange Zeit auf eine Textseite konzentrieren können." (Hautzinger, 1999 : 53)’

En outre, pendant la lecture en ligne, les lecteurs peuvent ressentir des difficultés à imaginer le volume du texte qu'ils sont en trains de lire (Blondel et Develotte, 2002 : 55) :

‘"Cet effet de volume est assez paradoxal, puisqu'à la différence du quotidien papier, le volume du journal en ligne n'est en aucune manière perceptible de la part du lecteur. […] D'où l'idée d'un volume potentiel, d'un réservoir extensible plus qu'une aire circonscrite." (Blondel et Develotte, 2002 : 55)’

Ainsi, le lecteur est confronté à une sorte de "vide inconnu" qui peut le gêner pour la reconstruction d'un texte cohérent. Afin de compenser le manque de volume perceptible, le lecteur peut faire un effort de concentration plus important qui se traduit par une plus grande fatigue. Enfin, on peut se demander si la lecture d'un texte non fermé (ne comportant pas de fin) apporte une expérience de lecture satisfaisante. En effet, le lecteur a terminé sa lecture lorsqu'il est parvenu à trouver l'information recherchée. Sachant que la recherche d'informations sur Internet nécessite la compréhension du message global du texte pour pouvoir sélectionner les liens pertinents, il se peut que les apprenants d'un niveau langagier relativement faible n'aboutissent pas dans leur recherche. Ainsi, l'expérience de lecture est vécue comme un échec.

Ces constats nous ont conduits à mener une enquête (annexe 1) auprès de nos étudiants. Nous leur avons demandé s'ils préfèrent la lecture à l'écran ou sur papier. Le dépouillement des réponses a montré que la majorité des étudiants préfère la lecture des textes imprimés sur papier. Ils justifient leur opinion par les arguments suivants : "la lecture à l'écran fatigue plus, donc la concentration est moins longue et intense que sur papier" (J.R.). Beaucoup d'étudiants regrettent également de ne pas pouvoir écrire dans le texte : " je préfère lire les textes sur papier car je trouve que l'on peut mieux travailler sur ce support (souligner des expressions, traduire des mots, inscrire des notes)" (A.C.). Une étudiante a fait aussi remarquer un problème de compréhension du texte dû au support en ligne : "l'écran fait mal aux yeux et empêche l'entière compréhension du texte" (M.D.).

Ainsi, la lecture d'un texte en ligne semble provoquer une gêne pour les yeux et rendre difficile la perception du volume global d'un texte. Pour ces raisons, un apprenant peut rencontrer, à l'heure actuelle, des difficultés pour traiter les textes en ligne d'une manière approfondie. Néanmoins, nous pouvons espérer que la qualité des écrans va s'améliorer dans les années à venir ce qui permettra une augmentation du confort de lecture. Enfin, l'impossibilité d'écrire dans un texte à l'écran (comme, par exemple, des traductions ou mots-clés résumant des idées générales), complique la compréhension des unités lexicales et du message textuel et rend donc pour beaucoup d'apprenants un texte en ligne moins accessible qu'un texte sur papier.