2.3.2. Classification en fonction de la correction

La correction automatique des exercices par la machine permet à l'apprenant d'obtenir un feed-back immédiat. En règle générale, les apprenants apprécient d'avoir tout de suite un retour face à leurs hypothèses. De plus, les messages positifs comme "Ihre Antwort ist richtig" les motivent pour poursuivre leur travail avec le cédérom. Le développement lexical nécessite cependant plus qu'un encouragement. Pour mesurer l’utilité des corrections automatiques pour le décodage des unités lexicales, il convient alors d'étudier comment elles favorisent les conditions de référenciation. Nous verrons à ce sujet quatre stratégies qui se basent sur la valeur référentielle des images et des unités lexicales : la référence à une image situationnelle, l'image comme référent direct, une autre unité lexicale comme référent et le transfert d'informations sémantiques à partir d'une définition.

Lorsque la correction automatique permet de connaître la phrase correspondant à une image, l'utilisateur peut établir une référence à une image situationnelle. Cela est le cas pour les exercices d'association "image-phrase" du cédérom "Einblicke" :

Figure 46 : défilé du la fête de la bière à Munich (cédérom "Einblicke")
Figure 46 : défilé du la fête de la bière à Munich (cédérom "Einblicke")

Lorsque cette phrase contient une unité lexicale comme "Umzug", l'apprenant peut chercher une référence entre l'image et cette unité lexicale. Faute de référence exacte entre l'unité lexicale "Umzug" et l'image, le décodage reste malgré tout incertain. Il pourrait cependant devenir plus clair si les concepteurs des cédéroms marquaient, par exemple, en couleur, l'unité lexicale qui permet une référenciation avec l'image.

La correction automatique permet une référenciation directe entre l'image et la solution lorsque la solution contient une unité lexicale isolée et que le référent présent sur l'image est clairement identifiable. Nous rencontrons ce cas quand l'apprenant doit associer une image à un mot isolé, comme dans l'exemple ci-dessous :

Figure 47 : décodage du terme "Nummernschild" (cédérom "Tell me more")
Figure 47 : décodage du terme "Nummernschild" (cédérom "Tell me more")

Après l'affichage de la solution, le rapport de référence est clair et l'apprenant peut décoder l'unité lexicale "Nummernschild" comme "plaque d'immatriculation".

Dans un exercice où l'utilisateur doit relier des unités lexicales, la solution permet de connaître des unités lexicales avec des sens semblables. Lorsque leurs significations sont connues à l'utilisateur, elles peuvent servir de référent :

Figure 48 : association "mot-mot (cédérom "Tell me more")
Figure 48 : association "mot-mot (cédérom "Tell me more")

Quand l'apprenant connaît l'une des unités lexicales de la paire, il est possible de transférer des informations sémantiques vers l'unité lexicale inconnue. Ainsi, si nous prenons l'exemple "Gebäude - Haus", en supposant le terme "Haus" connu et le terme "Gebäude" inconnu, il est possible de deviner que "Gebäude" est une sorte de maison. Il manque certes la précision que "Gebäude" est un terme général qui peut être employé aussi bien pour une usine que pour une maison habitée, mais un grand nombre de traits sémantiques sont transférables (bâtiment en pierre qui héberge quelque chose), assurant un décodage approximatif.

Evidemment, les unités lexicales du couple de mots ne sont pas toujours interchangeables dans une utilisation contextuelle et que leur signification sémantique peut changer en fonction de l'emploi contextuel. Cela est, par exemple, le cas pour la paire "Einverstanden - in Ordnung". Alors que la phrase "ich bin einverstanden" signifie "je suis d'accord", la phrase "ich bin in Ordnung" présente un problème d'emploi de co-occurrents (on dirait plutôt "es ist alles in Ordung") et d'autre part, le sens actualisé dans cette phrase ne correspond plus au sens actualisé de "je suis d'accord". Un transfert de traits sémantiques risque alors d'induire l'apprenant en erreur et l'exercice perd de son intérêt pour le décodage lexical.

Dans certains cas, la solution d'un texte à trous permet d'utiliser des stratégies de transfert d'informations sémantiques en se basant sur les co-occurrents et sur la langue maternelle :

Figure 49 : exercice à trous (cédérom "Reflex' Deutsch")
Figure 49 : exercice à trous (cédérom "Reflex' Deutsch")

Lorsque l'apprenant comprend le message textuel de la phrase, il va formuler mentalement la phrase complète en langue maternelle et il complète la phrase de l'exercice en fonction des co-occurrents logiques et typiques pour une situation donnée. Sachant que l'unité lexicale à décoder est un verbe, il peut être possible de transférer le concept construit en langue maternelle vers l'unité lexicale à décoder. Ainsi, dans le cas de l'exemple (5), le verbe typique pour le sujet "Miss Europa" est "élire (quelqu'un)". Aussi, la description d'un monument ancien contient-elle souvent le verbe "construire". Ce procédé peut ne pas fonctionner pour l'ensemble des unités lexicales à renseigner dans les exercices à trous : d'une part, il n'est pas toujours possible de deviner le co-occurrent nécessaire et d'autre part, l'utilisation d'une stratégie de transfert de signification peut être dangereuse puisque les co-occurrents ne sont souvent pas transférables d'une langue à l'autre.

Dans un exercice où l'apprenant doit associer une unité lexicale à une définition, la solution permet un transfert d'informations sémantiques ou encore de connaissances du monde vers l'unité lexicale placée au début de la phrase :

Figures 50 : exercice d'association "mot -phrase" (cédérom "Reflex' Deutsch")
Figures 50 : exercice d'association "mot -phrase" (cédérom "Reflex' Deutsch")

Dans l'exemple (1), l'utilisateur apprend, grâce à l'association du premier terme et de la suite de la phrase, que le terme "Angebot" signifie la "marchandise que l'on peut acheter sur le marché". Lorsque l'utilisateur comprend les termes "Waren" et "Markt" qui font partie du vocabulaire de l'allemand économique, et s'il possède des connaissances de base par rapport à l'économie du marché, il peut en déduire la signification de "l'offre". Pour l'exemple (5), la définition "Waren mit niedrigem Preis" correspond effectivement à une caractéristique du concept "Sonderangebote", mais il manque la précision que ce prix est proposé pendant une période limitée. L'exemple (3) ne contient pas de rapport de définition entre l'unité lexicale et la suite de la phrase, mais seulement une explication de la loi économique par rapport au comportement des prix sur le marché.

Les différents exemples montrent comment la solution peut contribuer au décodage des unités lexicales des termes de la colonne de gauche : pour les phrases contenant une définition, la solution de l'exercice ressemble à une explication de vocabulaire par la proposition d'une paraphrase sans être cependant exhaustif dans l'évocation des traits sémantiques. Sachant qu'il s'agit dans certains cas de termes techniques, leur compréhension dépend aussi beaucoup des connaissances du monde par rapport au thème abordé. Probablement, cet exercice n'a pas été conçu dans l'optique d'y intégrer des aides au décodage des unités lexicales. Or, lorsque les concepteurs les prévoient dans la phrase de création, ce type d'exercice constitue un outil intéressant pour l'acquisition lexicale.