3.2.2. La recherche libre

Par opposition aux exercices de rappel guidé, les exercices de rappel libre ne proposent pas d'unités lexicales au choix. L'apprenant doit trouver lui-même les unités lexicales à écrire dans les champs vides. Nous verrons ci-dessous trois types d'exercices qui sont tous présentés hors contexte, c'est-à-dire sans lien avec une situation et sans que les unités lexicales à chercher soient intégrées dans un texte cohérent.

Sous forme de jeu, l'apprenant doit deviner l'unité lexicale pour laquelle il voit une image s'afficher progressivement à l'écran. En fonction du temps écoulé pour trouver la solution, le programme attribue au maximum 15 points dès que les trois images ont été devinées. Chaque réponse est vérifiée avant que le jeu ne continue. Ainsi, il faut indiquer le terme correct et l'orthographe correcte (le programme sait indiquer l'endroit d'une lettre incorrecte et l'emplacement d'une lettre manquante) :

Figure 57 : exercice "deviner les images" (cédérom "Einblicke")
Figure 57 : exercice "deviner les images" (cédérom "Einblicke")

Cet exercice ludique vise le rappel des unités lexicales à partir d'un concept mental activé par l'image. L'apprenant n'est pas contraint de passer par la langue maternelle, ce qui peut éviter par la suite des erreurs intralinguales.

D'après une enquête auprès de nos étudiants, ce jeu est plus motivant que le travail avec une liste de vocabulaire, mais il est également très coûteux en temps puisqu'il faut attendre que les images se précisent à l'écran. En contrepartie, l'affichage progressif des images incite à un effort cognitif important pour les reconnaître le plus vite possible. Ceci peut jouer en faveur d'une bonne fixation des informations lexicales.

Malheureusement, les unités lexicales à chercher sont déterminées par les concepteurs et elles apparaissent dans une suite aléatoire. Il n'existe donc aucune adaptation personnalisée de l'exercice aux besoins des apprenants et les unités lexicales à chercher n'ont pas non plus de rapport avec les unités lexicales présentées dans le film vidéo. En choisissant mieux les unités lexicales, cet exercice aurait pu être intéressant pour un entraînement de l'association entre les concepts mentaux et les formes graphiques des unités lexicales que l'apprenant a appris en travaillant avec le cédérom. Néanmoins, la présentation "hors contexte" enlève cette possibilité et elle présente de plus l'inconvénient de ne pas faire progresser l'apprenant dans la création d'hypothèses par rapport à leur emploi correct dans une production libre.

Enfin, on note pour le fonctionnement du jeu la contrainte que le programme ne reconnaît qu'une solution acceptable alors qu'il peut y avoir d'autres possibilités justes comme dans le cas de "Segelboot" que l'on pourrait appeler "Schiff" ou le cas de "Ski" où on aurait pu dire "Skier".

Dans un autre exercice ludique, appelé "mot mystérieux" (cédérom "Tell me more"), il convient de trouver des unités lexicales à partir d'une définition. En cliquant sur les lettres de l'alphabet, le programme les affiche à l'écran. Lorsque l'apprenant hésite, il peut tenter de cliquer sur une lettre au hasard pour savoir si cette lettre fait partie de l'unité lexicale recherchée. Pour chaque lettre qui n'en fait pas partie, le bateau du petit bonhomme sur l'image devient plus petit et le temps se gâte jusqu'à ce que le bonhomme se noie, indiquant que l'apprenant a perdu le jeu :

Figure 58 : exercice de recherche d'unités lexicales (cédérom "Tell me more")
Figure 58 : exercice de recherche d'unités lexicales (cédérom "Tell me more")

Cet exercice a l'avantage de faire réfléchir l'apprenant à partir des informations communiquées en langue cible et de reprendre les unités lexicales rencontrées dans le dialogue "interactif" présenté préalablement. C'est donc une révision des unités lexicales du dialogue. Dans notre exemple, il demande malheureusement aussi le rappel d'unités lexicales non présentées auparavant comme, par exemple "nähen". Leur méconnaissance peut engendrer un échec démotivant pour lequel l'apprenant n'est pas responsable. Enfin, on note un manque d'insertion des unités lexicales dans un contexte, ainsi que l'impossibilité de s'entraîner pour un encodage libre des unités lexicales.

En demandant par la traduction des unités lexicales sous forme de "mots croisés", les concepteurs de cet exercice ont prévu un entraînement ludique au rappel des unités lexicales. L'apprenant doit compléter des cadres blancs horizontalement et verticalement. Pour faire apparaître les différentes lettres dans la grille, on clique sur les lettres de l'alphabet :

Figure 59 : exercice "mots croisés" (cédérom "Tell me more")
Figure 59 : exercice "mots croisés" (cédérom "Tell me more")

Du point de vue de l'acquisition lexicale, cet exercice ludique soulève deux problèmes : d'une part, le problème du travail hors contexte (constituant une préparation relativement inefficace pour une utilisation ultérieure "en contexte" et supposant la connaissance des co-occurrents et des connotations) et d'autre part, le problème de la traduction et de l'unique réponse acceptée par le programme. La traduction d'une unité lexicale n'a que peu de sens parce que la signification actualisée de l'unité lexicale en langue cible risque de ne pas correspondre à la traduction prévue par les concepteurs du cédérom. Ainsi, "écouter" peut très bien signifier "hören" ou "anhören", mais ces termes sont jugés par le programme comme étant faux. On regrette également l'absence d'aides qui auraient pu soutenir le processus de recherche des unités lexicales en allemand. Les mots croisés traditionnels génèrent, de par leur composition, une aide appréciable à partir du moment où l'on a pu renseigner quelques cases permettant de savoir quelles lettres font partie d'une unité lexicale recherchée. Les grilles de l'exercice n'acceptent cependant qu'une unité lexicale à la fois ce qui supprime cette aide. Enfin, on observe une demande de traduction pour des unités lexicales difficiles comme "Ölstand" et qui n'ont pas été présentées dans le dialogue. L'incapacité de trouver les traductions peut alors conduire à un échec démotivant.