3.5. Bilan

Pour l'encodage des unités lexicales, il convient de distinguer trois compétences différentes : premièrement, le rappel des unités lexicales dans une situation de communication dans laquelle il est nécessaire de savoir employer les unités lexicales correctement; deuxièmement, le rappel des unités lexicales en vue d'une fixation des traces mnésiques et la lutte contre le passage des unités lexicales de l'état actif vers l'état passif; et troisièmement, l'intégration des connaissances lexicales dans le système d'interlangue à l'aide des capacités cognitives (inférence, catégorisation, relations logiques).

En ce qui concerne la préparation à une situation de communication authentique, nous constatons un écart important entre les conditions de travail proposées par le cédérom et une situation de production langagière authentique, puisque le travail avec un cédérom ne ressemble guère à une situation de production réelle. Un grand nombre d'exercices est proposé "en contexte réduit" ou "hors contexte", ce qui éloigne encore plus ces derniers d'une situation de production authentique. Aussi, la plupart des exercices ont un caractère fermé empêchant un entraînement à une utilisation libre des unités lexicales. L'effort cognitif engagé par l'apprenant est relativement minime et il suffit généralement de renseigner quelques unités lexicales isolées dans les champs vides. Malgré tout, certaines solutions sont difficiles à trouver, faute d'un guidage adapté vers la solution et en raison de l'obligation de procéder par tâtonnement. En outre, la correction automatique est souvent construite d'une telle manière que les hypothèses fausses ne peuvent pas être ajustées, du fait de l'impossibilité de confronter les formes erronées et les formes correctes.

Les exercices ouverts proposés par le cédérom "Reflex' Deutsch" ne constituent pas non plus une solution valable, puisqu'une correction systématique ne peut être assurée et parce qu'un exercice corrigé ne peut pas vraiment servir de modèle pour des situations personnelles. L'utilité des cédéroms semble donc se réduire à un entraînement de certaines compétences bien spécifiques comme la construction des mots composés.

De par leur capacité de proposer des répétitions fréquentes, les cédéroms peuvent cependant être utilisés pour lutter contre l'inactivation des traces mnésiques provoquant un transfert des unités lexicales concernées dans le vocabulaire passif. Dans cette optique, il est intéressant d'exploiter les possibilités de révision des unités lexicales présentées auparavant. Une insertion contextuelle des unités lexicales dans les exercices s'impose néanmoins, afin qu'un tel rappel soit possible. La possibilité d'intégration d'images variées peut permettre un développement des techniques d'association en favorisant un double traitement cognitif, sollicitant aussi bien le système de traitement verbal que le système de traitement non verbal (Clark et Paivio, 1987). Ce processus peut être soutenu par l'utilisation des images vivantes, des images bizarres, des émotions et des couleurs (Sperber, 1989 : 80-84).

Un travail d'intégration des unités lexicales dans un système construit à l'aide des capacités cognitives semble cependant difficile à réaliser avec des cédéroms puisqu'une programmation préalable reste en contradiction avec le développement personnel et constant du système d'interlangue. Pour que les exercices de construction de champs lexicaux et de catégorisation contribuent au traitement cognitif profond préconisé par Craik et Lockhard (1972), il convient de prévoir la possibilité d'une extension de la base de données par l'apprenant.