5.2. Les difficultés des apprenants sur le plan affectif, technique et méthodologique

Notre deuxième hypothèse nous conduit à vérifier comment l'absence d'un enseignant (pendant le travail avec les cédéroms) est ressentie par les étudiants et où sont leurs principales difficultés. Nous avons demandé à 15 étudiants de répondre à la question "Comment ressentez-vous le fait que l'enseignant ne soit pas présent lors du travail avec le cédérom ?" :

Figure 68 : présence de l'enseignant
Réponses Vrai Faux
Comme un manque de sécurité 5 (33%) 10 (67%)
Personne ne peut m'aider si je ne sais pas comment le cédérom fonctionne 5 (33%) 10 (67%)
C'est bien, parce que le prof ne voit pas mes erreurs 4 (28%) 11 (72%)

On note que pour 33 % des étudiants l'absence de l'enseignant est ressentie comme un manque de sécurité, notamment du fait des problèmes de compréhension du fonctionnement des cédéroms. 28% des étudiants sont contents que l'enseignant ne voit pas leurs erreurs. Ces résultats montrent un pourcentage important d'étudiants pour lesquels l'intervention d'un enseignant de langues semble indispensable, ce qui confirme notre deuxième hypothèse.

Le pourcentage relativement élevé des étudiants craignant l'évaluation de l'enseignant montre cependant la nécessité de changer la perception du rôle de l'enseignant pendant le travail avec les cédéroms et même en général si nous nous plaçons dans une perspective où l'enseignant doit faciliter l'acquisition langagière. Ainsi, l'enseignant ne doit pas seulement être une personne qui évalue les compétences de l'apprenant, il doit aussi pouvoir conseiller les apprenants, ou comme le formule E. Annoot (1996 : 11), "il est un tuteur qui facilite l'utilisation des ressources éducatives" et "l'exploitation des produits choisis". Il faudra certes aussi essayer, d'établir une relation de confiance", de ne pas "casser les élèves", et de "concevoir des activités mobilisatrices […] qui mobilisent des capacités et des compétences différentes" (GFEN, 2001 : 26). En respectant ces différents points, il devrait être possible de changer la perception des apprenants et de créer un climat de confiance. En outre, la perception de l'erreur semble jouer un rôle important dans le résultat de notre enquête. Pour les étudiants craignant l'évaluation de l'enseignant, il faudrait sûrement "accepter les erreurs pour aller de l'avant, les travailler, les transformer, les dépasser" (GFEN, 2001 : 27).

Par ailleurs, si l'on souhaite améliorer la conception d'un cédérom, il convient de connaître les difficultés spécifiques rencontrées par les étudiants. A cette fin, nous leur avons demandé de les noter. Le tableau suivant montre une synthèse des réponses.

Figure 69 : difficultés des étudiants
Figure 69 : difficultés des étudiants

Par rapport à ces difficultés, une amélioration est-elle envisageable ? Il semble que les difficultés techniques (installer le cédérom) et celles liées à l'organisation de l'interface (comprendre le fonctionnement du cédérom et la chronologie de l'histoire) peuvent être facilement supprimées. En effet, il convient d'assurer une formation technique des étudiants ainsi qu'une présentation claire du contenu d'apprentissage qui respecte les besoins de l'apprenant.

En ce qui concerne les difficultés lexicales et celles de compréhension du discours oral, il est possible de les atténuer en intégrant les aides suivantes : utiliser, lors de la présentation des unités lexicales, un maximum de rapports d'équivalence permettant aux images ou à d'autres unités lexicales de fonctionner comme référent direct vers un concept mental à activer. Il est également souhaitable de permettre une activation des connaissances du monde par rapport au sujet traité. A cette fin, il convient de choisir des sujets connus des utilisateurs potentiels et de veiller à l'existence de rapports complémentaires entre les informations iconiques, graphiques et sonores. La présentation des unités lexicales en contexte favorise d'ailleurs l'application de stratégies d'inférences qui se basent sur la cohésion et la cohérence textuelle. La traduction des unités lexicales en contexte assure une compréhension des unités lexicales sans effort cognitif important. Comparé à un travail de transfert et d'inférence des informations lexicales (comme décrit ci-dessus), elle ne stimule pas la mémorisation des informations lexicales. Néanmoins, il semble être difficile et coûteux en temps pour les concepteurs des cédéroms de prévoir toutes les difficultés. La présence d'un enseignant de langues devient alors très utile.

Enfin, les difficultés liées à la gestion du parcours d'apprentissage (choisir un cédérom adapté à son niveau, choisir un thème) proviennent d'un défaut de coordination entre les activités proposées par le cédérom et le projet d'apprentissage de l'apprenant. Malgré le développement des systèmes experts, ce travail n'est, à l'heure actuelle, pas encore envisageable par la machine et la présence de l'enseignant reste donc impérative.