3.6. Bilan

Nous avons analysé les différents rapports entre les images et les textes soutenant d'une manière variable le processus de décodage des unités lexicales. En effet, plus l'image offre la possibilité de fonctionner comme un aiguilleur vers un concept mental, plus son utilité augmente. Une deuxième condition se rapporte à l'interprétation des images. Ces dernières servent au décodage des unités lexicales lorsqu'elles permettent une activation des connaissances du monde et des traits sémantiques du concept mental correspondant à l'unité lexicale à décoder.

Les connaissances de l'apprenant jouent également un rôle important. Ainsi, nous avons vu que la connaissance du contenu général et de la structure du site facilitent le repérage à l'intérieur du site et qu'elles aident, par une anticipation des informations lexicales, au décodage des unités lexicales inconnues. Les connaissances par rapport au contexte spécifique d'une unité lexicale à décoder permettent ensuite une activation des informations transférables sur cette unité lexicale. En l'absence d'un concept mental ou en cas de manque de connaissances générales par rapport au sujet en question, l'apprenant reste handicapé pendant le processus de décodage. Il en est de même lorsque les informations associées avec la présentation du site ne correspondent pas exactement aux informations nécessaires pour le décodage d'une unité lexicale ou lorsqu'il existe un écart entre les connaissances d'un lecteur natif et d'un lecteur apprenant.

La présentation du texte à différents niveaux de l'hyperdocument permet ensuite le recours à différentes stratégies de décodage en utilisant le rapport entre la structure de l'hyperdocument et la structure lexicale. En effet, il existe un rapport direct entre la structure hypertextuelle et la structure lexicale puisque les pages prennent leur signification à partir des unités lexicales qui y sont présentées. Comme la structure lexicale, l'hyperdocument présente les situations où deux unités lexicales se trouvent soit au même niveau hiérarchique, soit dans un rapport de subordination. Ainsi, après avoir repéré le niveau hiérarchique du terme à décoder, l'apprenant peut transférer des informations sémantiques entre deux unités lexicales au même niveau, c'est-à-dire entre deux hyponymes, ou entre deux niveaux hiérarchiques différents. Dans le sens ascendant, il peut utiliser le transfert d'un hyponyme vers un hypéronyme. Dans le sens descendant, il peut transférer des éléments sémantiques d'un hypéronyme vers un hyponyme. Nous avons néanmoins constaté que le sens descendant n'est pas très efficace pour le décodage d'une unité lexicale puisque les traits sémantiques transférables sont trop généraux pour permettre un décodage complet. Nous préconisons donc la stratégie de transfert d'informations sémantiques d'un hyponyme vers l'hypéronyme. En complément, il est ensuite possible de transférer les informations textuelles présentes sur une page ouverte vers un terme du menu général.

Enfin, deux stratégies se basent sur le fonctionnement technique de l'hyperdocument. Il s'agit d'une part, de comprendre une action déclenchée par le programme et d'autre part, en plaçant le curseur sur une abréviation, de faire ouvrir une fenêtre affichant l'unité lexicale complète. Dans l'ensemble, les informations présentes sur les pages d'un hyperdocument offrent un bon nombre de possibilités de transfert d'informations, sans répondre cependant toujours exactement aux besoins d'un apprenant de langue.

En ce qui concerne les aides didactiques, nous avons vu qu'elles peuvent être présentées soit sous forme de liens hypertextuels, soit sous forme de notes figurant en pied de page. La possibilité de faire afficher les explications dans un cadre séparé en bas de l'écran permet de garder l'explication sous les yeux et de vérifier l'hypothèse de signification dans la logique du contexte.

Nous avons également montré différentes formes de présentation des explications sous forme graphique ou iconographique, permettant une adaptation aux connaissances langagières d'un apprenant du niveau langagier d'un texte proposé. Par opposition à l'emploi d'un dictionnaire bilingue, l'apprenant continue à travailler en langue cible tout en restant parfois confronté au vocabulaire difficilement compréhensible. Le fait que les explications soient rédigées en rapport avec un texte précis, permet cependant d'expliquer le sens actualisé des unités lexicales et facilite la compréhension du message textuel.

Par ailleurs, l'analyse des explications proposées par l'auteur du site "LernNetz Deutsch" a permis d'évoquer différentes manières pour activer le concept mental auquel renvoie une unité lexicale à décoder. Des limites sont cependant apparues. Ainsi, par exemple, si l'indication de l'infinitif d'un verbe conjugué facilite la tâche de décodage, encore convient-il de proposer également des explications adaptées : nous avons vu la proposition d'un terme différent qui nous a amené à évoquer l'inexistence des synonymes absolus. Puis, nous avons discuté la description de l'utilisation d'un objet dont la compréhension nécessite des connaissances du monde précises. Nous avons aussi présenté les reformulations qui constituent l'occasion d'employer du vocabulaire plus courant. Nous avons également abordé une suite d'associations liées par des traits sémantiques communs et enfin, nous avons évoqué le rôle référentiel de l'image. En effet, l'image peut être présentée seule et rendre l'explication facilement compréhensible quand il s'agit de concepts concrets. L'ajout d'une explication à l'image devient nécessaire pour les concepts plus abstraits, mais il peut poser le problème de la combinaison des informations reçues à travers l'image et de l'explication écrite. Enfin, les explications de classification risquent de comprendre des dédoublements d'informations et les définitions peuvent manquer de traits sémantiques importants. Néanmoins, les explications de vocabulaire sont limitées par l'incapacité de la machine à réagir face aux questions non prévues par l'auteur. Cela exclut (à part lors d'un travail considérable de prévision d'un nombre important de cas de figures) un échange prolongé entre l'apprenant et la machine et concernant une même signification lexicale.

Enfin, afin de faire face aux difficultés liées à l'emploi du vocabulaire difficile, nous avons évoqué la stratégie de décomposition des unités lexicales et la reconnaissance des termes transparents. D'une manière générale, les explications de vocabulaire constituent un défi nécessitant de surmonter les problèmes évoqués. Notre analyse du site "LernNetz Deutsch" a fait ressortir des points perfectibles, mais l'auteur a tenté d'anticiper les difficultés lexicales des apprenants et ses explications rendent le texte plus accessible.