4.4. Bilan

La tâche de l'utilisation correcte des unités lexicales est relativement complexe et demande un grand effort de la part de l'apprenant. Ainsi, il convient de rappeler les unités lexicales, de connaître les co-occurrents, d'employer correctement l'unité lexicale dans la phrase et d'appliquer les règles de fonctionnement syntaxique. Avec les tâches écrites, dont deux profitent (grâce à l'Internet) d'une mise en situation qui ressemble aux conditions d'utilisation authentique des unités lexicales, l'apprenant est relativement libre dans l'emploi des unités lexicales. En fonction de la tâche demandée, nous avons cependant noté que l'entraînement à l'encodage libre des unités lexicales varie d'une simple création d'une liste de vocabulaire jusqu'à la rédaction autonome par rapport à un sujet donné. L'apprenant y rencontre néanmoins un certain nombre de problèmes d'ordre lexical, comme le manque de vocabulaire et des difficultés d'emploi des unités lexicales dans la phrase, ce qui nécessite un contrôle des productions écrites. Cette correction doit obligatoirement être faite par un enseignant de langues qui lui seul possède (par rapport à la machine) la capacité de vérifier une rédaction libre. Il en est de même pour les exercices oraux qui sont censés préparer des situations de rencontre avec un natif.

Dans les exercices fermés, le feedback immédiat de l'ordinateur permet une vérification rapide des hypothèses lexicales sans pouvoir fournir une explication pour les réponses fausses. Or, faute de possibilités de correction des productions libres, les exercices fermés ne peuvent pas remplacer les tâches de production libre avec la correction de l'enseignant.

En outre, il est possible de réduire la difficulté de la tâche d'encodage et de permettre à l'apprenant de se concentrer sur un point précis. De cette manière, ce type d'exercice permet de procéder à un entraînement des connaissances procédurales aussi bien pour le rappel des unités lexicales que pour un entraînement à leur utilisation contextuelle. Ainsi, les exercices fermés peuvent être utilisés comme outil de préparation à la rédaction libre. Néanmoins, le travail cognitif engagé reste relativement faible et certains exercices ne contribuent que très peu au développement de l'interlangue. Cela s'avère d'ailleurs d'autant plus vrai que l'apprentissage n'est pas accompagné d'une action motrice d'écriture ou des effets originaux ou amusants.

Par ailleurs, les conditions de travail entre un exercice fermé et une utilisation libre ne sont pas les mêmes. De plus, la maîtrise d'un exercice "hors contexte réel" ne peut pas garantir la maîtrise dans une situation complexe d'utilisation libre (où plusieurs difficultés sont cumulées). Afin de justifier les exercices fermés et "hors-contextuels", les connaissances procédurales acquises dans ces exercices doivent être appliquées directement après avoir travaillé avec ces exercices. Ces exercices semblent plutôt être intéressants dans le cadre d'une combinaison de différentes activités complémentaires. Néanmoins, il convient de veiller, lors de sa conception, à la cohérence des activités langagières.

Enfin, certains exercices peuvent avoir un caractère ludique et nous pouvons supposer une réaction spécifique chez l'apprenant : Rouet (dans : Crinon et Gautellier, 2001 : 174) rapporte, par exemple, dans son article sur les hypermédias et les stratégies de compréhension, que le caractère ludique d'une activité est susceptible de créer des "buts" cognitifs (par exemple, le déclenchement d'un phénomène visuel ou sonore attrayant). Ceci peut contribuer à maintenir la motivation de l'apprenant; néanmoins, le but "ludique" d'une activité peut également interférer avec le but pédagogique de l'activité et détourner l'attention de l'apprenant.