4.1. Les registres lexicaux

Le travail en tandem est réalisé à travers les courriers électroniques qui font appel à l'écriture de textes. Or, quel type de vocabulaire peut-on apprendre dans un mail électronique ? Les messages sont-ils aussi bien rédigés qu'un texte proposé dans un manuel scolaire ou un journal ? Les textes écrits par les partenaires tandem ne souffrent-ils pas dans leur qualité langagière de par la vitesse avec laquelle l'énonciateur les rédige ? Avant d'analyser des exemples concrets de la correspondance reçue par nos étudiants, nous proposons de considérer quelques remarques générales par rapport à la rédaction des courriers électroniques.

En ce qui concerne la correspondance électronique en général, Schmitz (1995) constate un mélange de l'utilisation de la langue "écrite" et de la langue "orale". Aussi les textes écrits par e-mail ressemblent-ils à la forme écrite d'une conversation téléphonique. Les rédacteurs des e-mails utilisent la langue d'une manière plus superficielle sans chercher à envoyer un "beau texte" qui se caractérise par une langue recherchée et une orthographe correcte (Schweiger/Brosius, 1997 : 159-183) :

‘"Welche Folgen hat nun Prä-Synchronizität schriftlicher Kommunikation für den Schreibstil ? Die schlichte Antwort gibt Morley (1996): "Das Geschriebene bekommt die Eigenschaft des Gesprochenen"; es ist nichts anderes als ein "dahingekritzeltes Telephongespräch." (ebd.). Idensen/Krohn (1994, S. 257) formulieren etwas zurückhaltender: "Die Unmittelbarkeit und Direktheit digitalen Formulierens reicht an die des Sprechens heran". Dabei ist klar, daß sich gesprochene Sprache von Schriftsprache wesentlich unterscheidet (vgl. hierzu Lyons 1990, S. 19f.). So beobachtet Morley (1996) bei E-Mails einen oberflächlichen Umgang mit der Sprache und wenig reflektierte Inhalte, die denen eines kolloquialen Gesprächs gleichen. Schreiben hat keinerlei literarische Ambitionen mehr, es herrschen die "kurzen knappen Formen" (Idensen/Krohn 1994, S. 256). Es geht nur noch darum, möglichst effizient, d.h. schnell und ohne großen Aufwand, Inhalte zu kommunizieren." ( http://apollo.ifkw.uni-muenchen.de/~schweigr/privat/download/int_spr.htm , page consultée le 22.6.03)’

Ces remarques mettent en lumière la pauvreté relative des textes écrits dans les courriers électroniques et elles font resurgir la question de la pertinence de ces textes pour l'apprentissage lexical.

Quelle est maintenant la situation pour le travail en tandem ? Notons tout d'abord que les textes des messages tandem peuvent avoir des longueurs différentes et qu'ils sont écrits par des partenaires tandem ayant chacun leur personnalité propre. Les circonstances de découverte des unités lexicales changent en fonction de la longueur des textes des messages tandem, de la disponibilité des partenaires tandem au moment de la rédaction du message. En outre, les conditions du travail lexical dépendent de la motivation des partenaires tandem à rédiger un texte en langue maternelle qui soit intéressant d'un point de vue lexical. Pour assurer la présentation d'un minimum d'unités lexicales nouvelles dans un message tandem, nous préconisons au moins 10 lignes par message en langue cible que l'enseignant peut imposer aux apprenants s'il le juge utile.

Quel type d'unités lexicales l'apprenant peut-il découvrir dans les messages tandem et en quoi ces unités lexicales diffèrent-elles des unités lexicales présentes dans les textes des manuels scolaires ? Et quelles sont les influences sur le choix des registres lexicaux qui proviennent des thèmes traités, de la personne qui rédige le message tandem et du rapport entre le rédacteur et le lecteur des textes ? Nous tentons de répondre à ces questions par une analyse de 32 messages en tandem en provenance de 6 étudiants. A titre de comparaison, nous avons ensuite utilisé 17 textes émanant de trois manuels scolaires différents (Deutsch ist klasse, Moment mal, Deutsch warum) et de deux journaux "on-line"(Spiegel, Die Welt) (annexe 4).

L'ensemble des unités lexicales présentes dans les textes a été classé dans un des trois registres lexicaux "familier", "soutenu" et "courant" sans tenir compte des registres "régional" et "argot" qui ne sont pas des registres représentatifs pour le travail en tandem en raison de leur très faible occurrence. Pour le classement des unités lexicales dans un des registres mentionnés, nous nous sommes basée sur notre propre expérience langagière en tant que locuteur natif de la langue allemande ainsi que sur les critères suivants : le caractère recherché et élégant ou ordinaire des unités lexicales, le type de communication (décontracté ou strict) et le rapport entre les personnes (simple, semblable ou hiérarchique). Néanmoins, le classement n'a pas toujours été évident et nous tenons à souligner qu'il garde un caractère subjectif dû à l'influence de notre propre perception de la langue allemande.

Dans le registre "familier", nous avons classé les unités lexicales (ci-contre marquées en gras) qui nous paraissaient peu recherchées, typiques pour un emploi dans une conversation décontractée et que nous avions l'habitude d'entendre dans les communications entre les jeunes, les personnes qui se connaissent et qui ont des rapports simples et non hiérarchiques.

C'est le cas pour les unités lexicales suivantes : "dann kriegt er einen Kasten Bier", "da kommt nicht jeder herei n" ou "wie ich dir ja schon […] erzählt habe , geht die Uni wieder bei mir los ". Ces unités lexicales montrent bien un caractère décontracté et peu recherché si on les compare avec des formulations plus recherchées comme "dann bekommt er einen Kasten Bier", "nicht jeder wird zugelassen " ou "… beginnt die Universität für mich wieder". D'autres unités lexicales ont été classées dans le registre "familier" parce qu'elles sont typiques de la langue des jeunes comme "manchmal hat man echt das Gefühl …", "gestern war es tota l ärgerlich", "Frauen, die sie toll finden", "alles ist wahnsinnig teuer geworden", "wohnst du mit anderen Leuten dort zusammen?", "es ist für mich okey ", "ich bin ein Hunde- Fan " ou encore "im Moment läuft es bei mir nicht so gut". De plus, on peut citer des expressions comme "ich habe dir die Daumen gedrückt", "voll Energie sprühen", "viel um die Ohren haben" ou "kurz Bescheid sagen". On remarque que les unités lexicales du registre "familier" (marquées en gras dans le texte) ne représentent que 18% (13/72 mots) du total des unités lexicales présentes dans un message tandem comme celui-ci :

‘"Tut mir leid, zu hören, dass du krank bist. Ich wünsche Dir gute Besserung und hoffe, dass es Dir bald wieder besser geht ! Mir geht es auch immer so in der Prüfungszeit, dass ich dann krank werde - das ist der ganze Stress ! Man sollte doch eigentlich gerade dann fit sein und vor Energie sprühenDenk bloß nicht an die ganzen Dinge, die Du jetzt verpaßt (Freunde, Musik, Konzerte) - das macht nur depressiv !!! (TR2003, p.6)’

Dans le registre lexical "soutenu" nous avons reporté les unités lexicales (ci-dessous marquées en gras) recherchées qui peuvent être utilisées dans une communication avec un supérieur. Le classement des unités lexicales dans ce registre lexical peut ainsi être compris comme l'attribution d'une valeur "plus ou moins recherchée" qui se trouve sur une échelle de valeur. Certaines unités lexicales sont assez proches du registre courant comme "Angriffe" ou "wären noch keine Gründe dafür " alors que d'autres unités lexicales sont plus typiques du registre "soutenu" comme, par exemple, l'unité lexicale "einen klaren Standpunkt vertreten".

Comme exemples, nous pouvons citer les unités lexicales suivantes : "ich habe die Entwicklung in den letzten Wochen und Monaten nicht so intensiv verfolgt und ich kenne auch nicht die Vorgeschichte der Beziehung", "deswegen kann ich auch schlecht bewerten …", "ich hatte einfach nicht das Gefühl, daß der Irak wirklich mit den Vereinten Nationen kooperiert hat sondern daß es nur nach außen hin den Anschein hatte ".

Le message tandem ci-dessous montre que les unités lexicales du registre "soutenu" ne représentent qu'un faible pourcentage par rapport à la totalité des unités lexicales qui constituent le texte entier :

‘"Heute morgen habe ich eine Pressekonferenz im Fernsehen gesehen in der Bush sagte, dass es für ihn keine andere Möglichkeit als diesen Krieg gibt, da sonst Angriffe auf sein Land von Seiten des Irak erfolgen werden. Ich weiß nicht genau was ich von diesem Angriff durch die USA halten soll. Ich bin immer gegen Krieg da viele unschuldige Opfer sterben werden ! Ich habe allerdings die Entwicklung in den letzten Wochen und Monaten nichtso intensiv verfolgt und ich kenne auch nicht die Vorgeschichte der Beziehung zwischen dem Irak und Bush, so dass ich nicht so viel zu den Gründen sagen kann und deswegen auch schlecht bewerten kann ob ein Krieg gegen den Irak gerechtfertigt ist. Natürlich geht es für Bush auch um eine Revenche gegen den Irak da bereits sein Vater Probleme mit dem Irak hatte und sicherlich geht es ihm auch um das qualitativ sehr hochwertige Öl im Irak. All das wären noch keine Gründe für einen Krieg ! Allerdings denke ich auch, dass Bush diesen Krieg nicht alleine sondern mit vielen Menschen der Regierung beschlossen hat und ich befürchte, das der Irak tatsächlich im Besitz von Waffen ist, die er auch gegen uns in Europa einsetzen könnte. Durch diesen Gedanken fühle ich mich bedroht ! Ich hatte einfach nicht das Gefühl, dass der Irak wirklich mit den Vereinten Nationen kooperiert hat, sondern es nur nach außen hin den Anschein hatte. Wie gesagt, ich weiß nicht genug darüber um wirklich einen klaren Standpunkt zu vertreten. Manchmal kann man ein Regime nur mit Gewalt stürzen um die Menschen zu befreien, das haben wir in Deutschland zur Nazizeit gesehen und auch vor kurzem in Afghanistan. Aber ich denke trotzdem, dass es eine andere Möglichkeit geben muß ! Allerdings merke ich, dass sich meine Einstellung etwas geändert hat. Früher war ich ganz klar gegen Krieg. Jetzt bin ich immer noch dagegen, aber seit Europa und Amerika Opfer von Terroranschlägen werden und ich selber Angst um mein Leben habe, denke ich manchmal, dass es besser ist, dass ein Land von dem Gefahr ausgehen könnte- angegriffen wird um diese Gefahr einzudämpfen, als dass wir selber Opfer werden …" (LD2003, p. 8) ’

Les autres unités lexicales font plutôt partie du registre "courant". Nous avons classé dans ce registre l'ensemble des unités lexicales qui n'ont pas été classées dans les registres "familier" ou "soutenu". Notre exemple ci-dessus montre la difficulté de décision pour le classement des unités lexicales dans le registre "familier" ou "courant". En effet, certaines unités lexicales pourraient très bien être classées dans les deux registres, en fonction de la construction dans laquelle elles apparaissent.

Dans le cas "mir geht es auch immer so ", on ressent une attitude décontractée de l'énonciateur, sachant que l'on aurait pu dire d'une manière plus recherchée "mir geht es in der Prüfungszeit genauso". Comme "auch" et "immer" ne sont par contre pas des unités lexicales typiques pour le registre "familier", nous avons opté pour un classement dans le registre "courant". Enfin, cette difficulté de classement des unités lexicales montre qu'il existe différents degrés dans l'attitude décontractée de l'énonciateur dans les formulations d'un locuteur natif et que les constructions des phrases reflètent également un "relâchement" plus ou moins important.

Afin de connaître le poids relatif des différents registres lexicaux dans les différents messages tandem et par rapport aux textes proposés dans les manuels et les journaux, nous avons compté tous les mots des différents textes ainsi que les mots attribués à un des registres lexicaux. Ensuite, nous avons calculé le pourcentage du nombre d'unités lexicales faisant partie d'un des trois registres par rapport à la totalité des unités lexicales présentes dans les différents textes. Le tableau suivant montre une répartition des différents registres lexicaux par rapport à 14 thèmes :

Figure 3 : pourcentages des registres lexicaux
Figure 3 : pourcentages des registres lexicaux

En ce qui concerne l'utilisation des différents registres de langues, ce tableau montre un pourcentage dominant pour le registre lexical "courant" qui se situe entre 74% et 98% pour les messages tandem et entre 79% et 99% pour les textes des manuels scolaires/journaux. Dans l'ensemble, on observe plus d'unités lexicales du registre "familial" dans les messages tandem que dans les textes des manuels/journaux mais plus d'unités lexicales du registre "soutenu" pour les textes des manuels/journaux que dans les messages tandem. D'un point de vue quantitatif, les messages tandem semblent donc être plus utiles pour l'apprentissage des unités lexicales familières, alors que les textes des manuels scolaires/journaux semblent favoriser l'apprentissage des unités lexicales du registre soutenu. Quelles conclusions pourrait-on tirer maintenant par rapport à nos hypothèses initiales (1), (2), (3), et (4) ?

  1. La fréquence importante des unités lexicales qui font partie des registres lexicaux montre que les messages tandem sont surtout rédigés avec un lexique "courant" ou "standard" (83.2% en moyenne), mais que chaque message tandem contient des unités lexicales qui font partie du registre "familier". Les mêmes unités lexicales qui sont, dans le cas du travail en tandem, utilisées à l'écrit, font partie de la langue orale employée habituellement, mais la ressemblance avec la langue orale ne nous semble pas seulement porter sur le choix des unités lexicales, mais aussi sur la construction des phrases. A l'oral, la construction des phrases et du texte lui-même se fait d'une manière plus souple parce que l'énonciateur peut consacrer moins de temps à la formation des phrases qu'à l'écrit. Dans les messages tandem, on rencontre, comme à l'oral, des constructions de phrases moins élaborées et moins soignées comme le montre cet exemple :
‘"Ich habe deinen Text korrigiert. Er steht ganz unten. Ich bin jetzt in Indonesien. Die Stadt heißt Surabaya. Ich bin hier bis Freitag und dann fahre ich in die Stadt Yogyakarta. Dort bleibe ich fast sechs Wochen wegen einem Sprachkurs. […] Ich studiere Malaiologie und Islamwissenschaften in Köln/Deutschland. Also lerne ich in diesem Studium Indonesisch, Arabisch und bald auch Persisch. Deswegen bin ich jetzt in Indonesien um besser die Sprache zu lernen. […] Machst du bei einem Tandem-Programm mit einer Lehrerin mit ? In Deinem Deutschkurs ? Ich mache es nur so. Ich habe in der Schule Französisch gelernt und möchtebald wieder etwas mehr üben. " (LD2003, p.3)’

Le rédacteur du message semble avoir écrit les phrases comme elles lui venaient à l'esprit sans essayer de réunir plusieurs informations dans une même phrase et sans tenter d'écrire un beau texte. Au lieu d'écrire des phrases longues et complètes, le partenaire tandem a enchaîné les informations. En soignant un peu plus la construction des phrases, le partenaire tandem aurait pu écrire le texte suivant, évidemment moins spontané :

"Unten steht der Text, den ich für dich korrigiert habe. Zur Zeit bin ich in Surabaya, einer Stadt in Indonesien. Ich bleibe hier noch bis Freitag und fahre dann nach Yogyakarta, wo ich fast sechs Wochen an einem Sprachkurs teilnehmen werde. Da ich Malaiologie und Islamwissenschaften in Köln/Deutschland studiere, lerne ich Indonesisch, Arabisch und bald auch Persisch. Hier in Indonesien möchte ich meine Kenntnisse in Indonesisch verbessern. […] Nimmst du an dem Tandem-Programm im Rahmen Eures Französischunterrichtes teil ? Ich habe mich hierfür privat eingeschrieben, weil ich in der Schule Französisch gelernt habe und wieder etwas üben möchte. "

Notre première hypothèse initiale se trouve donc confirmée due à l'utilisation du vocabulaire familier et aux constructions relâchées des phrases.

  1. En ce qui concerne le rapport entre l'utilisation du registre familier et les thèmes traités, le pourcentage d'emploi des différents registres lexicaux montre que les natifs ont utilisé plus d'expressions familières pour les sujets qui sont relativement personnels (comme la présentation personnelle, les problèmes personnels, les catastrophes vécues ou la correspondance en tandem). On observe, au contraire, un plus grand emploi d'unités lexicales du registre courant pour les sujets qui nécessitent une description neutre et générale, donc, moins personnels, comme c'est le cas pour les fêtes, la langue ou encore la culture d'un pays. Cela confirme notre hypothèse initiale.
  2. Concernant le lien entre le choix du registre lexical et le rapport entre l'énonciateur et le lecteur du texte, il faut admettre que pendant le travail en tandem, la relation entre les deux partenaires est souvent amicale, ce qui peut expliquer l'utilisation d'un registre lexical "familier". Dans le cas des textes des manuels scolaires, le rédacteur ne s'adresse pas directement à son lecteur, la relation "rédacteur du texte-lecteur" est anonyme et pas amicale. De plus, les textes n'ont souvent pas été écrits dans un but communicatif. Le rédacteur d'un journal ne connaît pas non plus personnellement ses lecteurs et l'emploi des unités lexicales familières serait vécu comme déplacé. La relation plus personnelle entre les partenaires tandem peut donc expliquer la quantité plus importante d'unités lexicales du registre familier, confirmant notre hypothèse initiale.
  3. L'hypothèse postulant un lien entre le choix des registres lexicaux et l'énonciateur du message tandem ne peut être confirmée qu'en partie. Si on calcule la moyenne du pourcentage d'utilisation des registres lexicaux "familier" et "soutenu", on note effectivement une différence d'utilisation des registres de langue en fonction de la personne :
Figure 4 : utilisation des registres lexicaux
Personne Moyenne d'utilisation du registre "familier" Moyenne d'utilisation du registre "soutenu"
CH2003 13.2 % 1.2 %
EC2003 8.85 % 1.2 %
IE2003 6.5 % 1 %
LD2003 5.2 % 6.5 %
JA2003 7.8 % 3 %
TR2003 15 % 2 %

Certains natifs ont davantage utilisé le registre "familier" (exemple : TR2003 et CH2003) et moins le registre "soutenu". Cette observation pourrait confirmer notre hypothèse initiale. Pour un natif spécifique (LD2003), on remarque cependant l'utilisation fréquente et équilibrée des registres "familier" et "soutenu" ce qui montre d'une part, que cette personne possède un vocabulaire large et riche et d'autre part, que le choix du registre lexical dans un message n'est pas toujours lié à la personnalité du rédacteur.

Enfin, les échanges en tandem sont-ils adaptés aux besoins des apprenants ?On y note un vocabulaire parfois peu recherché et des constructions de phrases souples : les messages contiennent majoritairement des unités lexicales du registre "courant", mais on note également la présence de nombreuses unités lexicales du registre "familier". Les unités lexicales du registre "soutenu" étaient dans l'ensemble moins employées que dans les textes de comparaison. En outre, les registres lexicaux changent en fonction des thèmes traités, du rédacteur du texte et de la relation entre les deux partenaires : plus la relation est personnelle, plus l'énonciateur a tendance à employer des unités lexicales du registre "familier".

Par ailleurs, les messages reçus en langue cible peuvent de plus contenir des erreurs d'orthographe qui sont souvent liées à l'étourderie du rédacteur comme "Was a chst Du eigentlich in deiner Freizeit ?" (NM2 2001), ou "Ich lese und schreibe sehr gerne und gehe au c regelmäßig s cw immen und ins Krafttraining. Aber ich möchte eigentli c gerne wieder mit Kampfsport beginnen." (NM2 2001). Il est alors important que l'apprenant traite activement l'input reçu en gardant une distance critique face au "modèle" que le texte en langue étrangère est censé être.

Cette analyse démontre donc que le travail en tandem n'est pas recommandé pour le développement d'une compétence de rédaction littéraire. La présence d'un grand nombre d'unités lexicales courantes et familières que les jeunes allemands utilisent dans leurs discussions quotidiennes, ainsi que la découverte d'un style spontané, permettent cependant de préparer les apprenants à une situation de communication en Allemagne et d'enrichir leur lexique de la vie courante.