II.1 Transposition didactique, approche anthropologique et problématique écologique

II.1.1 Transposition didactique

Le concept de transposition didactique qui désigne globalement « le passage du savoir savant au savoir enseigné » a été introduit par Chevallard (1975) lors d’un cours donné à la première école d’été de didactique des mathématiques. Ce passage se décompose en deux étapes :

Fig.1 : les trois étapes de la transposition didactique
Fig.1 : les trois étapes de la transposition didactique

Dans la mesure où il est difficile d’avoir accès aux raisons des choix qui ont présidé au passage du savoir savant au savoir à enseigner, notre travail portera essentiellement sur le passage du savoir à enseigner au savoir enseigné 6 . Pour pouvoir étudier ce processus, il nous faut donc définir le savoir à enseigner et le savoir enseigné.

Toujours selon Chevallard, le savoir à enseigner est le résultat du « travail externe de transposition didactique » de la noosphère 7 . Lorsque la noosphère souhaite introduire des objets de savoir dans les contenus d’enseignement, elle sélectionne des « éléments du savoir savant » et les transforme afin de pouvoir, notamment, rédiger un programme officiel d’enseignement. Les « éléments du savoir savant » ainsi transformés deviennent des savoirs à enseigner.

Arsac (1989) fait remarquer que le savoir à enseigner ne se réduit pas au programme. Selon lui, en citant Chevallard :

‘« Nous avons remarqué en effet qu’un texte de programme appelle une interprétation. Le savoir à enseigner est ce que l’enseignant pense qu’il a à enseigner quand les manuels publiés, les annales, les habitudes prises, ont fixé à peu près définitivement l’interprétation du programme. » (Arsac, 1989, p.12-13)’

Arsac pointe là un élément laissé obscur par Chevallard qui parle pour sa part de « texte du savoir » sans plus de précision. Dans notre travail, nous nous rapprochons de la définition d’Arsac en considérant que le savoir à enseigner se constitue non seulement du programme scolaire mais également, comme le souligne Arsac, des interprétations courantes et des habitudes générales prises à propos de ce programme et/ou des anciens programmes (en position d’élève ou de professeur), ainsi que de « ce que l’enseignant pense qu’il a à enseigner », mais aussi de ses connaissances et enfin des manuels scolaires, outils importants pour la pratique.

Notes
6.

Ce qu’on appelle la transposition didactique interne selon Chevallard. Il s’agit de l’intérieur du système d’enseignement, bien après l’introduction officielle des éléments nouveaux dans le savoir enseigné. Par opposition, il appelle « la transposition externe » la sélection des éléments du savoir savant, par la noosphère, désignés comme savoir à enseigner.

7.

La noosphère est la « sphère où l’on pense le fonctionnement didactique » qui est constitué des « représentants du système d’enseignement » et des « représentants de la société ». (Chevallard, 1991)