I. Rite : brûler pour re-naître.

Incendier et adorer évoquent le registre des rites : on détruit des objets pour les sacrifier à ce que l’on adore, et qui nous impose un rite dans lequel on doit perdre pour lui quelque chose qu’on aime. Et le rite implique, à son tour, un aspect répétitif : il s’agit de maintenir le caractère sacré en répétant les pratiques. Le sens du rite contient une dimension symbolique qui se manifeste souvent à travers le passage d’un état à un autre et implique la plupart du temps une transformation sur le corps. Cette transformation corporelle inclut aussi une séparation d’un passé pour re-naître dans l’avenir. Le corps uni et le corps démembré sont les deux représentations qui se conjuguent sur l’axe du désir chez Quignard.

« Incende quod adorasti »,chez Quignard, peut prendre dans son écriture une dimension rituelle résultant du registre sacré et de celui de la répétition. Il brûle ses manuscrits pour les retrouver ensuite dans une autre dimension. C’est le passage nécessaire qui va lui permettre de retrouver l’objet créé : « l’œuvre-fragment ».