II. Chapitre deux : L’essai de la perte : Le Sexe et l’effroi

« Le sujet hallucine son monde. Les satisfactions illusoires du sujet sont d’un autre ordre que ses satisfactions qui trouvent leur objet dans le réel pur et simple (…). A partir de là, il est facile de voir que cet ordre de satisfaction imaginaire ne peut se trouver que dans les registres sexuels. »
Jacques Lacan, Des noms-du-père.

« La narration romanesque perdrait son imprévisibilité en se soumettant à la rationalité d’un point de vue. Perdant son imprévisibilité, elle perdrait le choc émis par sa propre violence. Perdant de son étrangeté, le roman perdrait en fascination. La première personne n’est qu’un sexe masculin au repos et qui se recroqueville. (Les anciens Romains disaient d’une façon comparable que le sexe érigé est le dieu et que son possesseur, à cet instant, n’est plus lui-même.) Ce sexe recroquevillé peut émouvoir, mais il ne peut pas transporter l’épouse, qui est le lecteur. Pour que le plaisir du texte demeure imprévisible, il faut que le lecteur ne puisse savoir d’où va venir le désir. Le désir ne peut dire je ni avoir de visage ; il ne peut que désirer, bander. Fascinus fascinatus. »
Pascal Quignard, Rhétorique spéculative.

« Un déprimé ne peut pas écrire de roman. En cas de dépression, il ne faut pas écrire de roman. Il faut profiter de la dépression pour écrire des essais. »
Pascal Quignard, Rhétorique spéculative.