1. Introduction

Caractériser l’apprentissage humain n’est pas chose simple. Ce concept est couramment défini comme une modification adaptative du comportement d’une personne au cours de mises en situation répétées. Cependant, il n’est pas de définition totalement partagée de l’apprentissage qui accorde enseignants, apprenants, didacticiens et chercheurs spécialistes du sujet.

De nombreux modèles de l’apprentissage humain se sont développés au cours des siècles. Nous pouvons les regrouper en quatre courants dont les pratiques enseignantes actuelles relèvent. Le premier courant correspond au modèle transmissif, selon lequel un apprenant « accède » aux « savoirs » par le discours, l’exposé et la démonstration de l’enseignant qui transmet de manière unidirectionnelle ses savoirs à l’apprenant. Selon cette approche, les apprenants doivent écouter et être attentifs, c’est l’enseignant qui communique et montre le savoir, et les « erreurs » de la part des apprenants sont des manques. Le deuxième modèle est le modèle « béhavioriste », qui est basé sur l'idée que pour faire progresser l’apprenant d'un niveau de connaissance à un autre, il faut stimuler chez lui les comportements « attendus » et renforcer les réponses « positives ». Selon cette approche, on doit définir précisément les étapes par lesquelles l’apprenant doit passer, objectif par objectif. Ensuite on met en place des situations dans lesquelles il découvrira le nouveau comportement. Selon ce modèle, les apprenants découvrent les savoirs en résolvant des tâches guidées par l’enseignant qui doit les aider en « aplanissant » les difficultés. Le troisième courant est celui du cognitivisme qui s’intéresse moins à l’apprentissage qu’à la mobilisation de connaissances en résolution de problèmes. L’approche cognitiviste de l’apprentissage est internaliste et individualiste. Selon ce modèle, un évènement de l’environnement, le stimulus, est appréhendé par le registre sensoriel de l’apprenant puis traité dans la mémoire à court terme. Un encodage en mémoire à long terme intervient ensuite. Lorsque l’apprenant est soumis à un nouveau stimulus, la récupération en mémoire à long terme du stimulus permet une réponse de l’apprenant. Enfin, la quatrième approche est constructiviste et considère qu’apprendre ne consiste pas à acquérir le savoir d'une manière passive, mais à être actif sur l’environnement en le transformant. C’est une approche « interactionniste » qui considère que les « connaissances » nouvelles sont « échafaudées » à partir de ce que l'apprenant sait déjà. Ainsi les « anciennes » connaissances peuvent être transformées, éliminées, réorganisées. Dans ce modèle, les interactions sociales occupent un rôle important. Selon cette approche, pour construire du savoir les apprenants résolvent des situations problèmes dont l’allocation est assurée par l’enseignant qui confronte aussi les résultats de la résolution. Les erreurs ont un rôle important car les apprenants, en en prenant conscience et en les dépassant, acquièrent les concepts. Le psychologue genevois Jean Piaget (1896 – 1980) et le psychologue russe Lev S. Vygotski (1896 – 1934) pratiquaient une psychologie constructiviste.

Selon nous, il est important de considérer l’apprentissage comme un processus dynamique et non comme le produit d’un processus. Par ailleurs, selon une approche non mentaliste de la cognition, nous souhaitons appréhender un apprentissage relevant d’une cognition « in vivo » (Brassac, 2003), c’est-à-dire dans son entièreté (et non comme une somme de sous-systèmes), et par opposition à une cognition qui serait « in vitro » ou intracrânienne.

Nous abordons ci-dessous la question du rapport qui existe entre les concepts d’apprentissage et de développement.